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La Turquie dans l'attente d'explications du PKK après l'attentat d'Istanbul


Lundi 1 novembre 2010 à 11h57

ISTANBUL, 1 nov 2010 (AFP) — Les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) devaient prendre la parole lundi alors qu'ils sont pointés du doigt après un attentat-suicide qui a blessé 32 personnes la veille en plein centre d'Istanbul.

Les rebelles, qui n'ont pas revendiqué l'attentat mais ne l'ont pas non plus condamné, doivent faire une déclaration dans l'après-midi sur une éventuelle reconduction de la trêve unilatérale qu'ils avaient décrétée en août et qui est arrivée à expiration dimanche, a rapporté l'agence Firat News, proche du PKK.

Vingt-quatre heures après l'attaque, qui visait des policiers anti-émeutes en faction sur la place de Taksim, blessant 15 d'entre eux, les autorités n'ont pas émis d'hypothèses sur ses auteurs.

"Nous avons en mains certaines données, mais nous sommes prudents, nous ne devons pas faire de déclarations prématurées", a affirmé lundi devant des journalistes le ministre de l'Intérieur Besir Atalay, précisant que la police n'avait procédé pour l'heure à aucune arrestation.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a cependant dénoncé lors d'une conférence le fait que "dans certains pays européens des entités (...) liées à l'organisation terroriste agissent librement", un reproche qu'il avait déjà exprimé dans le passé, en faisant référence au PKK.

Et pour de nombreux analystes, la piste du PKK restait la plus plausible, même si Murat Karayilan, son chef militaire, avait affirmé jeudi à un journal turc depuis le nord de l'Irak que son mouvement épargnerait les civils et poursuivrait sa trêve si le gouvernement turc acceptait le dialogue.

"Concernant le massacre de civils innocents, le casier judiciaire du PKK n'est pas vierge. S'il ne s'agit pas d'un groupe incontrôlé (au sein du PKK), c'est que la décision de commettre des actions qui peuvent atteindre des civils a été prise avec la connaissance de la direction", estimait Okay Gönensin dans le journal populaire Vatan.

Pour Asli Aydintasbas, du quotidien Milliyet, l'attentat d'Istanbul pourrait être le signe de désaccords entre le chef emprisonné du PKK Abdullah Öcalan, qui aurait selon les médias des échanges avec les autorités en vue d'un réglement du conflit kurde, et certains de ses lieutenants.

"D'après des sources de haut niveau, Karayilan et d'autres dirigeants du PKK sont indécis par rapport aux demandes de retrait rapide (des unités combattantes) formulées par Öcalan", affirme la journaliste.

"Dans ce contexte, on ne peut pas exclure que l'attaque de la place Taksim ait été commanditée par les faucons (du PKK) dans le but de torpiller la trêve", ajoute-t-elle.

Les avocats d'Öcalan étaient en route lundi pour l'île-prison d'Imrali, où il est enfermé, a indiqué l'agence de presse Anatolie.

Pour autant, les médias n'excluaient pas d'autres pistes, comme celle du mouvement armé clandestin d'extrême-gauche DHKP-C, visé dimanche matin, peu avant l'attentat, par un coup de filet de la police qui a procédé à 16 arrestations, selon le journal libéral Radikal.

Le réseau Al-Qaïda, auquel a été imputé des attentats commis en 2003 à Istanbul contre deux synagogues, le consulat britannique et une banque britannique, qui ont fait 63 morts, était également mentionné comme une piste possible.

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a condamné tard dimanche l'attentat-suicide, dénonçant "un crime scandaleux".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.