Jeudi 27 avril 2006 à 17h30
ANKARA, 27 avr 2006 (AFP) — La Turquie a affirmé jeudi que son voisin irakien devrait se réjouir de voir l'armée turque renforcer ses effectifs à la frontière commune dès lors que les Irakiens ne sont pas capables de lutter contre les rebelles kurdes de Turquie installés sur leur territoire.
"S'ils n'ont pas les forces adéquates, si leurs forces n'ont pas la capacité adéquate pour combattre le terrorisme, ils devraient être satisfaits des mesures que nous prenons", a déclaré le chef de la diplomatie turque Abdullah Gül à Edirne (nord-ouest).
Les Irakiens "n'ont aucune raison d'hésiter", au contraire, ils "devraient même nous aider" car les opérations de l'armée turque "n'ont qu'un but, celui de prévenir l'infiltration en Turquie d'une organisation terroriste", a expliqué le ministre dont l'allocution était retransmise par plusieurs télévisions.
La question est devenue plus pressante pour la Turquie ces dernières semaines avec la multiplication d'affrontements dans le Sud-Est anatolien entre l'armée et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par Ankara, Washington et l'Union européenne, et d'attentats à la bombe imputés au PKK.
La semaine dernière, l'armée a déployé des renforts à la frontière irakienne pour empêcher l'infiltration de rebelles séparatistes, facilitée au printemps par la fonte des neiges.
Le ministère des Affaires étrangères a démenti mercredi des informations des médias selon lesquelles des forces turques avaient fait des incursions en territoire irakien pour mener des opérations contre le PKK.
Ankara a régulièrement réclamé aux Etats-Unis et à l'Irak de déloger les séparatistes kurdes du PKK de leurs bases arrière dans le nord de l'Irak, mais s'est vu répondre que la priorité était de mettre fin aux violences frappant le reste du pays.
Lors d'une visite à Ankara mardi, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a exhorté la Turquie à ne pas s'engager dans une action militaire unilatérale contre les séparatistes kurdes dans le nord de l'Irak.
Mme Rice a souligné que des opérations de la partie turque compliqueraient encore la tâche en vue de stabiliser la situation en Irak et a appelé à une coopération trilatérale entre Washington, Ankara et Bagdad sur les mesures à mettre en oeuvre contre le PKK.
Jeudi, des diplomates ont indiqué que l'ambassadeur d'Irak à Ankara avait transmis une note demandant des informations sur les renforts de l'armée turque à la frontière irakienne, tout en démentant qu'il s'agisse d'une note de protestation.
"Nous allons certainement continuer à prendre de telles mesures jusqu'à ce que l'Irak soit capable de protéger son propre territoire et la sécurité de ses frontières", a affirmé M. Gül jeudi.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.