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La Turquie condamnée pour violation de la liberté d'expression d'une responsable pro-kurde


Mardi 29 octobre 2019 à 11h36

Strasbourg, 29 oct 2019 (AFP) — La Turquie a violé la liberté d'expression d'une responsable du parti pro-kurde modéré DTP en la condamnant pour un discours évoquant le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), sans vérifier son contenu exact, a estimé mardi la Cour européenne des droits de l'Homme.

Les juges de la CEDH avaient été saisis par cette membre du conseil d'administration du Parti pour une société démocratique (DTP), Hatice Çoban, qui avait été condamnée à une peine de prison pour propagande en faveur d'une organisation terroriste à la suite d'un discours prononcé en 2007 au cours d'une manifestation.

Mme Çoban avait souligné que les policiers qui surveillaient la manifestation avaient déformé ses propos et signalé la divergence entre le contenu de son discours publié dans les journaux et celui retracé dans leur procès-verbal.

Elle assurait que son discours portait sur "la nécessité de la résolution du problème kurde par des moyens démocratiques et pacifiques", relate la CEDH dans un communiqué.

Les juges de la CEDH ont estimé que la justice turque n'avaient pas examiné sérieusement le contenu du discours, principal élément de preuve dans cette affaire, et avaient donc violé la liberté d'expression de Mme Çoban.

Organisation classée "terroriste" par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne, le PKK mène une sanglante guérilla contre Ankara depuis 1984.

En janvier 2016, la CEDH avait déjà condamné la Turquie pour la dissolution fin 2009 du parti DTP, principale formation politique pro-kurde, qu'elle jugeait trop proche du PKK.

Cette dissolution, ordonnnée par la Cour constitutionnelle turque, avait enfreint le droit d'association garanti par la Convention européenne des droits de l'Homme, avait estimé à l'unanimité la CEDH.

Quelques mois avant sa dissolution, en mars 2009, le DTP avait remporté 5,70% des voix aux élections locales, devenant la 4e force politique du pays, et la première dans le Sud-Est du pays.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.