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La Turquie bombarde les combattants kurdes dans le nord de la Syrie


Vendredi 26 août 2016 à 04h03

Karkamis (Turquie), 26 août 2016 (AFP) — L'artillerie turque a bombardé des combattants kurdes dans le nord de la Syrie, où Ankara mène une opération militaire d'envergure, accusant ceux-ci de ne pas respecter un accord passé avec les Etats-Unis sur leur retrait.

Plus tôt, jeudi, la Turquie avait envoyé un nouveau convoi de blindés en territoire syrien, au lendemain d'une offensive éclair des rebelles syriens qu'elle a soutenue et qui a permis de reprendre au groupe Etat islamique (EI) la localité de Jarablos, près de la frontière.

Avec cette opération, la Turquie cherche aussi à stopper l'expansion kurde à sa frontière, alors que le Parti de l'Union démocratique (PYD), principale milice kurde de Syrie, qui bénéficie du soutien militaire américain, élargit ses territoires.

Les forces turques ont ouvert le feu sur les hommes du PYD à partir de 18H00 (15H00 GMT) jeudi, après que les services de renseignement ont remarqué qu'ils progressaient sur le terrain en dépit d'une promesse des Etats-Unis selon laquelle ils allaient reculer, selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Cette dernière a ajouté, citant des sources sécuritaires, que l'intervention turque contre les combattants du PYD se poursuivrait tant qu'ils n'auraient pas entamé leur retrait. Selon Anadolu, le PYD a repris sept villages depuis mercredi, à la faveur du retrait de l'EI.

Le quotidien turc Hürriyet a indiqué que des drones turcs avaient détecté les éléments du PYD à 10 km au nord de la ville de Minbej. Les obusiers turcs sont ensuite entrés en action depuis la Turquie, "éliminant" le groupe de combattants.

- Ni jihadistes, ni combattants kurdes -

L'opération, baptisée "Bouclier de l'Euphrate", est la plus ambitieuse menée par Ankara en Syrie depuis le déclenchement du conflit qui a fait plus de 290.000 morts depuis cinq ans.

Le chef de la diplomatie américaine John Kerry est arrivé jeudi soir à Genève, où il doit s'entretenir vendredi avec son homologue russe Sergueï Lavrov pour tenter de trouver un accord de sortie de crise sur la guerre en Syrie.

Par cette opération militaire, qui a permis d'enlever en quelques heures Jarablos aux jihadistes, Ankara répond d'abord à l'attentat qu'il a attribué à l'EI qui a tué 54 civils à Gaziantep (sud-est) samedi dernier.

L'autre grand objectif déclaré de l'opération est de mettre un terme à l'avancée de milice kurde. "Nous allons faire en sorte que le PYD ne remplace pas Daech (acronyme arabe de l'EI) dans cette zone", a dit jeudi le ministre turc de la Défense Fikri Isik.

La Turquie, en conflit avec les Kurdes sur son propre territoire, est farouchement hostile à l'idée que les Kurdes syriens forment une ceinture continue le long de sa frontière.

Pour le régime turc, le PYD et son aile militaire, les YPG, sont des organisations "terroristes", au même titre que le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), mouvement armé actif depuis 1984 sur le sol turc.

- 'Aussi longtemps qu'il le faudra' -

Le vice-président américain Joe Biden, qui s'est entretenu avec les dirigeants turcs mercredi à Ankara, a mis en garde les Kurdes de ne pas franchir l'Euphrate, comme le réclame la Turquie.

Jeudi, à Stockholm, M. Biden a estimé que "les Turcs (étaient) prêts à rester aussi longtemps qu'il le faudra (en Syrie) dans l'objectif de neutraliser l'EI", saluant "le changement graduel de mentalité" d'Ankara à l'égard du mouvement jihadiste.

Il avait indiqué à Ankara que Washington avait clairement demandé aux YPG de ne pas aller à l'ouest de l'Euphrate.

Jeudi, M. Kerry a indiqué au téléphone à son homologue turc Mevlüt Cavusoglu que "les forces YPG/PYD sont en train de se replier vers l'est de l'Euphrate", selon un communiqué des services du ministre turc.

Le ministre turc de la Défense a pour sa part exigé que ce repli se termine rapidement et a averti, à défaut, que "la Turquie a tous les droits d'intervenir".

Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Office syrien des droits de l'Homme (OSDH) a de son côté affirmé qu'"il y a eu une petite partie des FDS (alliance de Kurdes et d'Arabes) qui s'est retirée à l'est de l'Euphrate", mais que "le gros de ces forces est encore à l'ouest".

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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.