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La Turquie attend une "déclaration historique" du chef kurde Öcalan


Jeudi 27 février 2025 à 09h42

Istanbul, 27 fév 2025 (AFP) — La Turquie attend jeudi une "déclaration historique" du chef kurde Abdullah Öcalan qui pourrait mettre un terme à quatre décennies de guérilla.

La délégation du parti prokurde DEM qui est partie jeudi matin pour l'île-prison d'Imrali, en mer de Marmara, a promis de revenir avec un message du fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu'elle rendra public à 17H00 (14H00 GMT) à Istanbul.

C'est la troisième fois depuis fin décembre que des représentants du DEM, troisième force au Parlement turc, sont autorisés à rencontrer "Apo" (oncle, en kurde), leader historique et toujours vénéré du PKK, 75 ans, condamné à la prison à vie.

Un des avocats du détenu, Faik Ozgur Erol, s'est joint à eux pour la première fois.

Selon Tuncer Bakirhan, le vice-président du DEM qui dirige la délégation, "M. Öcalan prépare un itinéraire pour la paix".

"Il ne veut pas seulement que les Kurdes soient libres de parler leur langue, mais que toute expression démocratique soit possible" dans le pays, a-t-il indiqué récemment.

Le gouvernement turc, qui a initié le processus par l'intermédiaire de son allié nationaliste du MHP, Devlet Bahçeli, a proposé de le sortir de son isolement après vingt-six ans.

Une remise en liberté paraît cependant peu probable, étant donné les menaces de vengeance qui pèsent sur Öcalan.

- Main tendue et répression -

Le président Recep Tayyip Erdogan, qui s'est peu exprimé sur le sujet, a confirmé à plusieurs reprises la politique de "la main tendue aux frères kurdes", tout en accentuant la pression sur l'opposition, en particulier sur le parti DEM, dont dix maires élus l'an dernier ont été démis de leurs fonctions.

C'est le cas du populaire maire de Mardin (sud-est) et figure du mouvement kurde, Ahmet Türk, 82 ans, qui se rend jeudi à Imrali.

Des vagues d'arrestations ont été conduites ces derniers mois contre des centaines de personnes - militants politiques, élus, artistes, journalistes - accusées de terrorisme.

Cependant, et en dépit du charisme intact d'"Apo" Öcalan, affirment les experts, la principale incertitude pèse sur la réponse des combattants du PKK, pour la plupart repliés dans les montagnes de la région de Qandil, dans le nord de l'Irak.

"Ils peuvent arguer qu'Öcalan étant détenu, sa parole n'est pas libre et continuer le combat", fait valoir un diplomate occidental en Turquie qui s'attend alors à une riposte militaire immédiate d'Ankara.

La Turquie accuse aussi le PKK de combattre dans le nord-est de la Syrie au côté des Forces démocratiques syriennes (FDS).

Or les FDS sont soutenues par les Etats-Unis au nom de la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique. Et nul ne connait à ce stade les intentions de Washington, qui maintient des forces sur place, relève l'historien Hamit Bozarslan, de l'EHESS à Paris: "c'est la clé", soutient-il.

Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a appelé à plusieurs reprises les nouvelles autorités de Damas, alliées d'Ankara, à les désarmer.

"Ce n'est pas seulement une menace à notre sécurité, à mais pour la région entière", a-t-il estimé.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.