Mercredi 9 juillet 2025 à 22h28
Damas, 9 juil 2025 (AFP) — La Syrie a réitéré son rejet du fédéralisme mercredi à l'issue d'une rencontre avec un responsable militaire kurde, appelant les forces kurdes à rejoindre les rangs des forces gouvernementales.
Le dirigeant militaire kurde syrien Mazloum Abdi, des Forces démocratiques syriennes (FDS) - l'armée de facto de l'administration kurde -, a rencontré dans la journée à Damas le président intérimaire Ahmad al-Chareh, en présence de l'envoyé américain pour la Syrie, Tom Barrack, afin de discuter des efforts en cours pour intégrer l'administration kurde autonome dans l'État syrien.
Ils avaient conclu un premier accord d'intégration en mars avec le soutien des États-Unis, mais sa mise en oeuvre a été retardée par des divergences entre les deux parties.
Les Kurdes, qui contrôlent de vastes territoires du nord et du nord-est de la Syrie, y compris des champs pétroliers et gaziers, réclament notamment un système de gouvernance décentralisé, ce que rejettent les autorités islamistes à Damas.
Un responsable kurde syrien a confirmé, sous couvert d'anonymat, qu'une réunion avait eu lieu mercredi entre Mazloum Abdi et Ahmad al-Chareh.
Ce responsable a ajouté que Tom Barrack, l'ambassadeur américain en Turquie et envoyé spécial pour la Syrie, était également présent.
Les délégations devaient discuter "des relations entre l'administration autonome (kurde) et le gouvernement de Damas, ainsi que des questions économiques et militaires", selon ce fonctionnaire.
Une source gouvernementale syrienne avait prévenu mercredi, dans une déclaration à la chaîne de télévision d'État Alekhbariah, que Damas restait attaché au "principe d'une seule Syrie, d'une seule armée, d'un seul gouvernement" et rejetait catégoriquement toute forme de division ou de fédéralisation.
"L'armée syrienne est l'institution nationale qui unit tous les enfants de la patrie, et l'État accueille favorablement l'intégration des combattants syriens des FDS dans ses rangs dans les cadres constitutionnels et juridiques approuvés", avait souligné cette source.
La source a également averti que tout retard dans la mise en oeuvre de l'intégration risquait d'entraver les efforts visant à "restaurer la sécurité et la stabilité dans toutes les régions" du pays.
Les FDS, une puissante force dominée par les Kurdes, sont soutenues par Washington et ont joué un rôle clé dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique, défait en 2019 en Syrie.
Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir en décembre 2024 à la tête d'une coalition islamiste après avoir renversé le régime de l'ex-président Bachar al-Assad, réclame la dissolution de tous les groupes militaires en Syrie.
Mais les Kurdes syriens insistent pour maintenir leur forces militaires, qui comptent des dizaines de milliers d'hommes et de femmes.
Dans une interview en mai, Mazloum Abdi avait insisté sur l'importance d'"une Syrie décentralisée", considérant que "ceux qui détiennent le pouvoir veulent une Syrie centralisée et ne sont pas prêts à ce que toutes les composantes syriennes vivent ensemble".
Le 12 mai, le ministre syrien des Affaires étrangères Assaad al-Chaibani avait pour sa part déclaré que toute "tergiversation" dans l'exécution de l'accord avec les Kurdes risquait de "prolonger le chaos" dans le pays, après 14 ans de guerre civile.
La préservation de l'unité de la Syrie et le rétablissement de la sécurité restent un défi majeur pour les nouvelles autorités.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.