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La Syrie en proie aux violences, nouvelles frappes turques sur les Kurdes


Vendredi 6 octobre 2023 à 19h24

Homs (Syrie), 6 oct 2023 (AFP) — La Syrie a enterré vendredi les militaires et leurs proches tués dans une attaque de drones contre une cérémonie de promotions d'officiers qui a fait plus d'une centaine de morts, à laquelle Damas a répliqué par des bombardements intensifs de zones rebelles.

Dans le nord-est contrôlé par les Kurdes, l'armée turque a mené de nouveaux raids contre des infrastructures vitales, portant le bilan à 15 morts.

L'attaque jeudi contre l'académie militaire de Homs, dans le centre du pays sous contrôle du pouvoir central, est l'une des plus sanglantes contre l'armée depuis le début de la guerre en 2011.

Des dizaines de proches de victimes s'étaient rassemblés tôt le matin, le visage fermé, devant l'hôpital militaire de Homs d'où les ambulances transportaient les dépouilles des officiers vers leur dernière demeure.

"Mon fils, ne pars pas, reste près de moi", pleurait une mère éperdue de douleur. Des soldats portant des couronnes précédaient les cercueils, au son d'une musique militaire.

- Panique -

Des vidéos sur les réseaux sociaux montrent des victimes tombant à terre et des blessés appelant à l'aide pendant l'attaque, au milieu de scènes de panique, alors que des coups de feu étaient entendus.

L'attaque a fait 89 morts parmi lesquels 31 femmes et cinq enfants, et 277 blessés, selon les autorités.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a donné un bilan plus lourd de 123 morts incluant 54 civils parmi lesquels 39 enfants, et quelque 150 blessés.

Le ministre de la Défense, Ali Mahmoud Abbas, a assisté aux funérailles d'une trentaine de militaires et de civils à Homs. Il participait à la cérémonie jeudi mais était parti avant l'attaque des drones, intervenue vers la fin, selon un témoin et l'OSDH.

Les autorités ont proclamé trois jours de deuil.

L'attentat n'a pas été revendiqué. Les forces syriennes ont repris en 2017 le contrôle de Homs, ex-bastion des rebelles, et la province éponyme est éloignée des lignes de front.

Des groupes jihadistes qui contrôlent une partie du territoire syrien, mais également les combattants du groupe Etat islamique, malgré sa défaite territoriale, ont parfois recours aux drones pour attaquer les forces syriennes et leur allié russe.

Le président russe, Vladimir Poutine, a assuré dans un message de condoléances à son homologue syrien, Bachar al-Assad, qu'il avait "l'intention de poursuivre (la) coopération étroite avec les partenaires syriens pour lutter contre toute forme (...) de terrorisme".

"M. Assad et d'autres membres de sa famille ont été formés à l'académie de Homs, ce qui signifie que l'attaque +vise de près+ le pouvoir", a déclaré à l'AFP Aron Lund, du centre de réflexion Century International.

"Les réactions officielles très fortes doivent être vues dans ce contexte", a-t-il ajouté.

- Riposte -

L'armée syrienne, qui avait promis de "riposter fermement", a bombardé dès jeudi après-midi le dernier bastion rebelle du pays, dans le nord-ouest.

L'OSDH a fait état de 15 civils tués dans les zones rebelles. Des avions russes ont également mené au moins cinq raids sur la région rebelle d'Idleb, faisant un mort, un enfant selon l'OSDH.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exprimé son inquiétude, et l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a appelé jeudi à "une désescalade immédiate".

Déclenché en 2011, le conflit en Syrie a fait plus d'un demi-million de morts et morcelé le pays.

Dans le nord-est où les Kurdes ont établi une administration autonome, la Turquie a mené vendredi, pour le deuxième jour consécutif, une série de raids sur des infrastructures, ciblant les principales centrales à gaz.

Ces nouvelles frappes ont porté le bilan de deux jours de bombardements à 15 morts, dont huit civils, selon les responsables kurdes, qui avaient donné un premier bilan de 16 morts.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les kurdes, ont répondu vendredi en ciblant deux bases sous contrôle des forces turques et des factions pro-Ankara dans l'ouest de la province de Hassaké.

Les FDS ont en outre appelé dans un communiqué leurs alliés américains et russes "à montrer une position claire en réponse aux attaques de l'occupation turque contre les civils, les services publics et les institutions civiles".

Un membre des forces spéciales turques, blessé dans une attaque de missile contre une base militaire turque dans le nord de la Syrie, est en outre décédé, ont annoncé vendredi les autorités turques.

La Turquie affirme avoir agi en représailles à un attentat qui a visé dimanche le ministère de l'Intérieur à Ankara, blessant deux policiers.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.