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La présidence du Kurdistan irakien exige du PKK la fin de la lutte armée


Mercredi 24 octobre 2007 à 19h17

ERBIL (Irak), 24 oct 2007 (AFP) — La présidence du Kurdistan irakien, dont les combattants contrôlent le nord de l'Irak, a appelé mercredi les rebelles kurdes qui y sont réfugiés à mettre fin à plus de 20 ans de lutte armée contre l'Etat turc.

"Nous appelons le PKK à renoncer à la violence et à la lutte armée comme mode d'opération", indique un communiqué en quatre points du bureau de Massoud Barzani, président de la région autonome du Kurdistan irakien et chef traditionnel le plus influent de cette province.

Il a rejeté "l'utilisation du territoire irakien pour menacer la sécurité de ses voisins", dans une mise en garde au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte contre Ankara depuis 1984.

Ce communiqué représente l'engagement le plus clair, depuis le début de la crise sur la présence du PKK dans le nord de l'Irak, du gouvernement régional qui a autorité sur 100.000 combattants, les "peshmergas", chargés de la sécurité du Kurdistan.

Aucune troupe dans ce secteur ne dépend du commandement central de l'armée irakienne à Bagdad, et le ministère de la Défense irakien a fait savoir qu'il n'avait pas l'intention d'y déployer des unités, en dépit des appels d'Ankara.

Le gouvernement turc a menacé d'intervenir dans cette région montagneuse pour en éliminer des campements du PKK, qui abritent quelque 3.500 rebelles accusés de lancer des opérations transfrontalières meurtrières contre l'armée turque.

"Nous ne croyons pas au recours à la violence comme doctrine et méthode pour atteindre des objectifs politiques", indique le premier point du texte, qui ne mentionne pas les menaces turques.

"Nous n'acceptons en aucun cas l'utilisation du territoire irakien, et notamment le territoire du Kurdistan, comme base pour menacer la sécurité des pays voisins", assure le deuxième point du communiqué de la présidence.

"Nous appelons le PKK à renoncer à la violence et à la lutte armée (...). Le problème actuel devrait être résolu de manière politique et diplomatique. Il est nécessaire de renoncer à d'autres méthodes, qui sont inefficaces", déclare le troisième point.

Enfin, "nous condamnons tous les agissements terroristes de quelque origine que ce soit parce que les populations du Kurdistan ont elles-mêmes été victimes du terrorisme", conclut le communiqué.

Ce texte a été publié au lendemain d'une visite à Bagdad du ministre turc des Affaires étrangères Ali Babacan, qui a prôné une solution diplomatique à la tension actuelle.

Ankara a toutefois maintenu mercredi sa pression militaire, l'aviation turque pilonnant des positions de rebelles kurdes à la frontière turco-irakienne, selon l'agence turque Anatolie.

L'Union européenne et les Etats-Unis ont appelé la Turquie à faire preuve de retenue, redoutant qu'une incursion turque dans le nord de l'Irak ne déséquilibre une des rares régions du pays épargnée par la violence.

Côté irakien, une source gouvernementale turque a affirmé mercredi que Jalal Talabani n'avait pas exclu "la remise de membres de l'organisation terroriste PKK" à la Turquie, des propos ensuite démentis par le bureau du président.

Le gouvernement irakien avait annoncé mardi vouloir "interdire" au PKK "d'opérer sur le sol irakien".

Accusée de vouloir s'en prendre au Kurdistan irakien, une entité autonome et prospère qui a pris ses distances avec Bagdad depuis 1991, la Turquie a souligné que son objectif unique était d'éliminer le PKK.

"Nous n'avons aucune arrière-pensée concernant l'intégrité territoriale ou l'unité politique de l'Irak", a déclaré mardi le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

Une délégation irakienne doit rencontrer jeudi à Ankara des responsables turcs pour tenter d'apaiser la crise.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.