
Mercredi 24 octobre 2007 à 10h39
ERBIL (Irak), 24 oct 2007 (AFP) — La présidence du Kurdistan irakien, dont les combattants contrôlent le nord de l'Irak, a appelé mercredi les rebelles kurdes qui y sont réfugiés à mettre fin à plus de 20 ans de lutte armée contre l'Etat central turc.
"Nous appelons le PKK à renoncer à la violence et à la lutte armée comme mode d'opération", indique un communiqué en quatre points du bureau de Massoud Barzani, président de la région autonome du Kurdistan irakien et chef traditionnel le plus influent de cette province.
Il a également rejeté "l'utilisation du territoire irakien pour menacer la sécurité de ses voisins", dans une mise en garde au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte contre Ankara depuis 1984.
Ce communiqué représente l'engagement le plus clair, depuis le début de la crise sur la présence du PKK dans le nord de l'Irak, de la part du gouvernement régional qui à la haute autorité sur 100.000 combattants, les "peshmergas", qui assurent sur le terrain la sécurité du Kurdistan.
Aucune troupe dans ce secteur ne dépend du commandement central de l'armée irakienne à Bagdad, et le ministère de la Défense irakien a fait savoir qu'il n'avait pas l'intention d'y déployer des unités, en dépit des appels d'Ankara.
Le gouvernement turc a menacé d'intervenir dans cette région montagneuse pour en éliminer des campements du PKK, qui abritent quelque 3.500 rebelles accusés de lancer des opérations transfrontalières meutrières contre l'armée turque.
"Nous ne croyons pas au recours à la violence comme doctrine et méthode pour atteindre des objectifs politiques", indique le premier point du texte, qui ne mentionne pas une seule fois les menaces turques.
"Nous n'acceptons en aucun cas l'utilisation du territoire irakien, et notamment le territoire du Kurdistan, comme base pour menacer la sécurité des pays voisins", assure le deuxième point du communiqué de la présidence.
"Nous appelons le PKK à renoncer à la violence et à la lutte armée comme mode d'opération. Le problème actuel devrait être résolu de manière politique et diplomatique. Il est nécessaire de renoncer à d'autres méthodes, qui sont inefficaces", déclare le troisième point.
Enfin, "nous condamnons tous les agissements terroristes de quelque origine que ce soit parce que les populations du Kurdistan ont elles-mêmes été victimes du terrorisme", conclut le communiqué.
Ce texte a été publié au lendemain d'une visite à Bagdad du ministre turc des Affaires étrangères Ali Babacan, qui a lui aussi prôné une solution diplomatique à la tension actuelle.
Ankara a maintenu toutefois la pression militaire en assurant que son armée pouvait intervenir à tout moment contre les bases du PKK.
Le gouvernement américain a répété mardi qu'il ne considérait pas que "des opérations turques unilatérales soient un moyen de régler" la crise.
"Nous travaillons à trouver une solution diplomatique à un problème très difficile", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, alors que les Etats-Unis s'inquiètent qu'une incursion turque ne déséquilibre une des rares régions d'Irak épargnée par la violence.
Le gouvernement de Bagdad a annoncé mardi vouloir fermer "les bureaux du PKK et lui interdire d'opérer sur le sol irakien", mais ses moyens d'action sont limités et dépendent du bon vouloir du président Barzani.
Accusée récemment de vouloir s'en prendre à l'expérience du Kurdistan irakien, une entité autonome et prospère qui a pris ses distances avec Bagdad depuis 1991, la Turquie a souligné que son objectif unique était d'éliminer le PKK.
"Nous n'avons aucune arrière-pensée concernant l'intégrité territoriale ou l'unité politique de l'Irak", a déclaré mardi le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.