Vendredi 11 decembre 2009 à 18h29
ANKARA, 11 déc 2009 (AFP) — La Cour constitutionnelle turque a prononcé vendredi la dissolution du principal parti pro-kurde du pays, accusé de collusion avec les rebelles kurdes, ainsi que le bannissement de la vie politique de plusieurs de ses dirigeants.
Le Parti pour une société démocratique (DTP) a été dissout car il était devenu un "foyer d'activités préjudiciables à l'indépendance de l'Etat et à son unité indivisible", a déclaré au cours d'une conférence de presse le président de la Cour Hasim Kiliç, au terme de quatre jours de délibérations.
La décision a été prise à l'unanimité des 11 juges, alors qu'une majorité qualifiée de sept voix était requise pour prononcer la dissolution, a indiqué M. Kiliç, ajoutant que 37 des cadres du parti, dont son président Ahmet Türk et la députée Aysel Tugluk, étaient bannis de la vie politique pour une durée de cinq ans.
Le juge a également annoncé la levée de l'immunité parlementaire dont bénéficiaient M. Türk et Mme Tugluk, et la confiscation par le Trésor des biens du parti.
Le DTP dispose de 21 sièges au Parlement (sur 550). Ses dirigeants avaient averti avant le verdict que les députés quitteraient le Parlement plutôt que de siéger comme des parlementaires sans étiquette.
Le verdict de la Cour intervient alors que le gouvernement venait de tendre la main à la communauté kurde en proposant une série de mesures renforçant ses droits pour tenter de tarir le soutien des Kurdes aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et mettre fin à 25 ans de conflit dans le Sud-Est anatolien.
La décision fait suite à une procédure lancée en 2007 par le procureur de la Cour de cassation Abdurrahman Yalçinkaya, qui a accusé le DTP d'obéir aux "directives" du PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara et de nombreux pays.
Nombre d'observateurs estiment que le DTP est la vitrine politique légale des rebelles du PKK. Le parti assure cependant qu'il n'a "pas de liens organiques" avec le PKK, mais refuse de qualifier celui-ci d'organisation terroriste et appelle le gouvernement à négocier avec lui.
Les dirigeants du DTP avaient affirmé qu'une dissolution pourrait entraîner une recrudescence des tensions dans le Sud-Est anatolien, où de nombreuses manifestations contre les conditions de détention du chef du PKK Abdullah Öcalan ont dégénéré en heurts avec la police au cours des deux dernières semaines.
Jeudi, le PKK a revendiqué une attaque contre une patrouille militaire dans le nord de la Turquie, au cours de laquelle sept soldats turcs ont été tués.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.