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La jihadiste Emilie König apparaît dans une vidéo des forces kurdes en Syrie


Lundi 8 janvier 2018 à 18h39

Paris, 8 jan 2018 (AFP) — Un organe de propagande des forces kurdes en Syrie a diffusé lundi deux vidéos dans lesquelles Emilie König, figure de la mouvance jihadiste française détenue en Syrie, affirme n'avoir subi aucune torture depuis son arrestation.

Après avoir été appréhendée par les forces kurdes début décembre, la jeune femme de 33 ans dit avoir uniquement été interrogée. "Il n'y a pas eu de torture", affirme Emilie König dans une première vidéo où elle s'exprime en arabe, face à la caméra et sans voile sur la tête.

"On m'a apporté à manger, à boire, des cigarettes, on m'a toujours traitée correctement. El hamdou lillah (grâce à Dieu), j'ai pas eu d'injustices", dit-elle dans une deuxième vidéo, en français cette fois.

La semaine dernière, la mère de la jeune fille avait, au contraire, affirmé au journal Ouest-France que sa fille avait été "interrogée et torturée" depuis son arrestation.

Contacté par l'AFP, Bruno Vinay, avocat d'Emilie König, a confirmé que c'est bien sa cliente qui apparaît dans ces vidéos postées sur un site de propagande des forces kurdes en Syrie. "Cette vidéo vient confirmer l'esprit de coopération dans lequel se trouve Emilie König", a-t-il estimé.

Il s'est toutefois interrogé sur les conditions de réalisation de la vidéo: "Certains de ses propos ont pu lui être suggérés au vu de détails de sa vie quotidienne dont j'ai connaissance".

Sur leur site, les forces kurdes ne précisent pas dans quelles conditions, ni où, les vidéos ont été enregistrées.

Emilie König, propagandiste et recruteuse du groupe Etat islamique (EI), est détenue dans un camp kurde en Syrie avec son fils de 4 ans et ses jumelles d'un an, en compagnie d'autres femmes françaises.

Partie pour la Syrie en 2012 en pionnière, la jeune femme originaire de Lorient (Morbihan) a été placée en septembre 2014 par l'ONU sur la liste noire des combattants les plus dangereux. Les renseignements avaient intercepté ses appels récurrents à attaquer les institutions françaises ou à s'en prendre aux femmes de soldats français.

Réclamée par la France depuis 2015 dans le cadre d'une enquête liée à la filière dite "de Nîmes" (Gard), elle a fait savoir qu'elle se tenait "à la disposition de la justice française".

La semaine dernière, son avocat Bruno Vinay a demandé son rapatriement en France, car, d'après lui, les autorités françaises "ont l'obligation de la juger".

Emilie König "est la mère de trois enfants français" et "tout doit être mis en oeuvre pour faciliter leur rapatriement, conformément aux engagements internationaux de la France", avait aussi fait valoir Me Vinay.

Jusqu'à présent, le gouvernement s'est borné à dire qu'il se prononcerait "au cas par cas" pour les Français détenus en Syrie.

D'après une source proche du dossier en France, une quarantaine de jihadistes français adultes, autant d'hommes que de femmes, accompagnés d'une vingtaine d'enfants, ont été arrêtés en Syrie et Irak, dont la grande majorité par les forces kurdes en Syrie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.