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La famille d'une jihadiste retenue en Syrie met en cause Le Drian et Belloubet


Vendredi 18 octobre 2019 à 16h19

Paris, 18 oct 2019 (AFP) — La famille d'une Française ayant rejoint l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie accuse les ministres de la Justice et des Affaires étrangères de ne pas lui porter secours et annonce une plainte imminente à leur encontre, a affirmé leur avocat vendredi.

"Nous considérons que compte tenu de l'aggravation de la situation" dans le camp d'Al Hol, où se trouve la fille de Pascale Descamps et ses quatre enfants, "il faut que nous saisissions la Cour de justice de la République" contre Nicole Belloubet et Jean-Yves le Drian, a déclaré Me Emmanuel Daoud lors d'une conférence de presse.

Environ 300 femmes et enfants français se trouvent dans des camps tenus par les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie, soumis depuis le 9 octobre à une offensive turque.

Lors des dernières rencontres avec les autorités françaises, a expliqué Me Daoud, "il nous avait été répondu que le dossier serait traité +au cas par cas+. Aujourd'hui, on ne peut plus s'en satisfaire parce que la situation est devenue encore plus dangereuse".

L'avocat assure qu'il déposera "lundi ou mardi" une plainte contre les deux ministres notamment pour "omission de porter secours" et "atteinte à la liberté individuelle".

Cette dernière infraction est caractérisée, selon l'avocat, par "le fait qu'il y ait détention illégale" dans les camps kurdes et que les ministres en sont "informés". Depuis juillet, M. Le Drian est déjà visé par une plainte pour "omission de porter secours" déposée par des femmes et des enfants de jihadistes.

"Il faut que ces ministres sachent qu'ils porteront personnellement la responsabilité juridique, morale, du décès du moindre enfant français dans ces camps", a accusé Me Daoud. "Ils auront du sang sur les mains".

A ses côtés, Mme Descamps, photos de ses petits-enfants posés sur la table, a expliqué que la situation dans le camp de Al Hol était de plus en plus dure, décrivant notamment le manque d'eau potable, les maladies, le départ des ONG depuis le début de l'offensive turque. "Ma plus grande crainte, ce sont les gens de Daech [acronyme arabe de l'EI] qui rodent autour des camps", a-t-elle dit.

Il faut les rapatrier, et enfermer ceux qui sont dangereux, a-t-elle imploré. "On ne peut pas faire leur procès collectif", a-t-elle ajouté, au risque de devenir "plus barbares que les barbares".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.