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La Belgique "doit tout faire" pour rapatrier ses enfants de jihadistes (Premier ministre)


Jeudi 4 mars 2021 à 19h23

Bruxelles, 4 mars 2021 (AFP) — La Belgique "doit tout faire" pour rapatrier les enfants belges de jihadistes encore présents dans les camps du Nord-Est syrien sous contrôle kurde, où la sécurité et les conditions de vie "se détériorent", a affirmé jeudi le Premier ministre belge Alexander De Croo.

"Dans ces camps il y a les terroristes de demain et nous ne pouvons l'admettre", a-t-il déclaré devant les députés, lors de la séance hebdomadaire de questions au gouvernement.

Pour "notre sécurité" et "leur bien-être", "ces enfants, on doit tout faire pour les faire sortir", a ajouté le dirigeant libéral flamand.

Il a évoqué une limite d'âge fixée à 12 ans pour ces rapatriements, un seuil "souvent retenu par les services de protection de la jeunesse".

Une trentaine d'enfants sont concernés, selon lui.

M. De Croo a aussi promis d'"analyser au cas par cas" la situation des femmes adultes de nationalité belge retenues dans ces camps.

Elle sont 13 au total, a-t-il précisé : neuf déjà condamnées par la justice belge, et quatre visées par un mandat d'arrêt international.

"C'est clair que la situation des mères est elle aussi très préoccupante", a dit le Premier ministre. "Dans les camps, les conditions se détériorent, (...) on est en train de perdre le contrôle".

Il répondait aux questions de deux députés ayant récemment visité les camps syriens d'Al-Hol et Roj, qui ont décrit une situation devenue "extrêmement dangereuse".

Début février, une experte de l'ONU avait alerté sur les "conditions horribles" et les "traitements inhumains" subis dans ces deux camps par "plus de 64.000 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants".

Jusqu'à présent, les rapatriements de ressortissants belges depuis la Syrie en guerre n'ont eu lieu qu'au compte-gouttes.

Le précédent gouvernement belge, remplacé en 2020, défendait depuis 2017 le principe de "faciliter" le rapatriement des enfants de moins de 10 ans dont la filiation belge a été prouvée.

Mais cela avait été très peu mis en pratique, les autorités belges mettant en avant l'absence de relais consulaires en zone irako-syrienne pour justifier leur impuissance. Ce qui n'est pas le cas en Turquie, d'où avaient été rapatriés en juillet 2020 trois veuves d'anciens combattants du groupe Etat islamique (EI) et six de leurs enfants.

La Belgique compte avec la France parmi les pays européens ayant vu partir le plus grand nombre de combattants étrangers après le déclenchement de la guerre en Syrie en 2011. A partir de 2012, plus de 400 Belges sont partis y combattre dans les rangs des organisations jihadistes.

Comme la France, la Belgique a été la cible d'attaques revendiquées par l'EI, notamment un double attentat-suicide qui avait fait 32 morts à Bruxelles le 22 mars 2016. Il a été perpétré par la cellule jihadiste franco-belge déjà à l'origine des attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts).

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.