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La bataille de Raqa dans sa "phase finale", des jihadistes étrangers évacués


Dimanche 15 octobre 2017 à 12h48

Ain Issa (Syrie), 15 oct 2017 (AFP) — La bataille pour reprendre Raqa au groupe Etat islamique (EI) est dans sa "phase finale", a annoncé dimanche une alliance arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis, alors que des jihadistes étrangers ont quitté cet ancien bastion syrien de l'EI à la faveur d'un accord.

Ex place forte de l'organisation extrémiste sunnite en Syrie et symbole de ses atrocités, Raqa est contrôlée à 90% par les Forces démocratiques syrienne (FDS), une alliance de combattants arabes et kurdes, qui y sont entrées en juin après des mois de combats acharnés.

"Nous sommes désormais dans la phase finale de la bataille de Raqa", a affirmé à l'AFP Jihan Cheikh Ahmed, porte-parole des FDS pour l'opération de Raqa.

L'alliance a affirmé dans un communiqué que cette ultime étape "mettrait fin" à la présence des combattants jihadistes dans la ville. "La bataille (...) va se poursuivre jusqu'à ce que toute la ville soit nettoyée des terroristes qui refusent de se rendre, y compris les étrangers", a-t-elle assuré dans un communiqué.

Cette annonce intervient après un accord dévoilé samedi par des responsables locaux pour évacuer les jihadistes de l'EI de Raqa. Un haut responsable avait déclaré à l'AFP que des combattants syriens et étrangers de l'EI quitteraient la ville, possiblement pour rejoindre des territoires de la province voisine de Deir Ezzor toujours aux mains de l'EI.

- 'Se battre ou se rendre' -

Ce responsable a confirmé dimanche le départ d'un groupe de combattants. "Une partie des combattants étrangers a quitté" la ville, a déclaré Omar Allouche, membre du Conseil civil de Raqa, sans préciser leur nombre ou leur destination.

Le flou demeure sur les détails du texte. La coalition internationale emmenée par Washington, qui soutient les combattants antijihadistes engagés dans la bataille, avait bien annoncé samedi le départ d'un "convoi" de Raqa sans évoquer le sort des jihadistes syriens. Mais elle avait assuré que les combattants étrangers seraient exclus de l'accord.

Dimanche, le porte-parole de la coalition, le colonel Ryan Dillon, a dit ne pouvoir confirmer aucun détail sur le départ des combattants de l'EI.

Il a en revanche réitéré l'opposition de la coalition au départ des combattants étrangers, assurant que cette position avait été formulée devant les responsables locaux.

"Nous sommes déterminés à ne pas permettre aux combattants étrangers de quitter la ville", a-t-il déclaré à l'AFP. "Notre position était la suivante: soit ils restent se battre, soit ils se rendent sans condition."

"La dernière chose que nous voulons, c'est que les combattants étrangers soient libérés afin qu'ils puissent retourner dans leur pays d'origine et causer plus de terreur", a-t-il expliqué.

- L'EI acculé -

"Il s'agit d'une solution locale, a encore estimé M. Dillon. Bien que nous ne soyons pas toujours d'accord avec nos partenaires, nous devons respecter leurs solutions à leurs problèmes."

L'accord d'évacuation a été conclu alors que les inquiétudes grandissent quant au sort des 8.000 civils toujours piégés à Raqa, dont beaucoup seraient utilisés comme boucliers humains par l'EI.

Mais, selon la porte-parole des FDS, un grand nombre d'habitants sont parvenus à fuir ces derniers jours. "Il en reste très peu, et ils viennent à nous dès qu'ils en ont l'occasion", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Les FDS avaient entamé en novembre 2016 leur opération pour reprendre Raqa, capturée par l'EI en 2014 lors de sa percée fulgurante en Syrie et en Irak. La ville était devenue le symbole des pires atrocités commises par l'organisation jihadiste, qui y aurait planifié les attentats ayant frappé l'Europe ces dernières années.

La perte de Raqa constituerait un nouveau revers de taille pour l'EI, qui a perdu ces derniers mois de larges parties du territoire dont il s'était emparé, notamment Mossoul, son grand bastion en Irak.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.