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L'Ukraine au coeur d'un sommet crucial pour le futur de l'Otan


Mercredi 29 juin 2022 à 10h27

Madrid, 29 juin 2022 (AFP) — La guerre en Ukraine était mercredi au coeur d'un sommet de l'Otan à Madrid, où les dirigeants des Etats membres sont réunis pour discuter de l'avenir de l'Alliance atlantique, que la Suède et la Finlande vont pouvoir rejoindre après la levée du veto turc.

L'Otan vit "sa crise sécuritaire la plus sérieuse depuis la Seconde guerre mondiale", a déclaré le secrétaire général de l'organisation, Jens Stoltenberg, avant d'ouvrir les débats.

Lors de ce sommet, notamment destiné à réviser la feuille de route de l'Alliance pour la première fois depuis 2010, "nous allons dire clairement que la Russie représente une menace directe pour notre sécurité", a-t-il ajouté.

Les pays de l'Otan vont approuver à Madrid un renforcement de leurs forces sur le flanc est de l'Alliance et décider de porter le nombre de leurs forces à haut niveau de préparation "bien au-dessus" de 300.000 militaires.

"C'est le remaniement le plus important de notre défense collective depuis la Guerre froide", a souligné M. Stoltenberg.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'exprimera à deux reprises mercredi matin en visioconférence lors du sommet, alors que Kiev ne cesse de réclamer davantage de livraisons d'armes de la part de ses partenaires.

Les pays de l'Otan, qui ont déjà fourni des milliards de dollars d'aide à Kiev, vont convenir à Madrid "d'un programme d'assistance complet à l'Ukraine pour l'aider à faire respecter son droit à la légitime défense", a promis mardi Jens Stoltenberg.

"L'Otan soutient l'Ukraine depuis le début" du conflit "et va continuer" à le faire, a insisté mercredi le Premier ministre belge Alexander De Croo, estimant que "la guerre" ne pourrait être gagnée "que sur le champ de bataille".

La Norvège a annoncé mercredi l'envoi de trois batteries de lance-roquettes à longue distance MLRS, que l'Ukraine réclame pour contrer l'armée russe. Mardi, les ministres de la défense allemand et néerlandais ont eux annoncé la livraison de six obusiers supplémentaires.

Le président russe Vladimir Poutine "espérait moins d'Otan sur son front occidental à la suite de son invasion illégale de l'Ukraine", mais "il s'est complètement trompé": "il obtient plus d'Otan", a jugé le Premier ministre britannique Boris Johnson.

- Fin du veto turc -

Au-delà de l'Ukraine, l'Otan évoquera pour la première fois dans sa nouvelle feuille de route, appelée "concept stratégique", les défis posés par la Chine aux "valeurs" et aux "intérêts" de l'Alliance.

"La Chine n'est pas un adversaire mais nous devons prendre en compte les conséquences pour notre sécurité quand nous voyons la Chine investir lourdement dans de nouveaux équipements militaires" et tenter de "contrôler" des "infrastructures essentielles comme les réseaux 5G", a assuré Jens Stoltenberg.

Ce sommet sera également l'occasion de lancer le processus d'adhésion de la Finlande et de la Suède, qui ont décidé de rejoindre l'Otan en réaction à l'offensive lancée par la Russie en Ukraine le 24 février, rompant avec une longue tradition de non-alignement militaire.

Cette adhésion était jusqu'à présent bloquée par la Turquie, membre de l'Otan depuis 1952, qui accusait notamment Stockholm et Helsinki d'abriter des militants de l'organisation kurde PKK, qu'Ankara considère comme "terroriste".

Mais au terme de longues tractations, la Turquie a donné mardi soir son accord à l'entrée dans l'Otan de ces deux pays nordiques, le président turc Recep Tayyip Erdogan ayant estimé avoir obtenu leur "pleine coopération" dans sa lutte contre le PKK.

Cet accord, signé devant les caméras, permet aux pays de l'Otan d'afficher leur unité, même si l'entrée formelle des deux pays, qui doit être ratifiée par les parlements des 30 Etats membres de l'Alliance, est un long processus qui va prendre plusieurs mois.

- "Guerre de macho" -

Ce sommet de l'Otan survient alors que l'Ukraine continue sur le terrain de payer un lourd tribut: les autorités ukrainiennes ont ainsi fait état mardi de plusieurs frappes meurtrières contre des civils, notamment à Lyssytchansk, dans le bassin stratégique du Donbass (est).

Ces frappes sont survenues au lendemain d'une attaque qui a ravagé un centre commercial bondé à Krementchouk, à 330 kilomètres au sud-est de Kiev, faisant au moins 18 morts et une quarantaine de disparus, selon le gouvernement ukrainien.

Lors d'une intervention en direct mardi soir devant le Conseil de sécurité de l'ONU, Volodymyr Zelensky a demandé l'envoi d'une commission d'enquête et réclamé que la Russie soit expulsée de son siège permanent, dénonçant "l'un des actes terroristes les plus éhontés de l'histoire européenne".

"Le cycle de la mort, de la destruction doit cesser. Pour le bien de l'Ukraine, de la Russie et du monde entier", a plaidé de son côté la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo.

Moscou, qui assure depuis le début de la guerre vouloir "démilitariser" et "dénazifier" son voisin, a cependant exclu mardi d'interrompre son offensive tant que l'Ukraine n'aurait pas capitulé.

Malgré les quelques avancées des troupes russes sur le terrain ces derniers jours, le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a estimé mercredi que la Russie avait "échoué sur tous ses objectifs majeurs".

Les troupes russes ne progressent que de "quelques centaines de mètres sur plusieurs jours", pour un "coût massif" pour Moscou, a-t-il assuré dans un entretien à la radio LBC, en estimant à "25.000" le nombre de soldats tués côté russe depuis le début du conflit.

Un bilan attribué par Boris Johnson à la "toxicité masculine" de Vladimir Poutine. "Si Poutine était une femme, (...) je ne pense vraiment pas qu'il se serait embarqué dans cette guerre folle de macho", a estimé le Premier ministre britannique dans un entretien à la chaîne de télévision allemande ZDF.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.