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L'UE "dépasse les bornes" en demandant la libération d'un opposant kurde (Turquie)


Vendredi 23 novembre 2018 à 09h58

Ankara, 23 nov 2018 (AFP) — La Turquie a estimé vendredi que l'Union européenne avait "un peu dépassé les bornes" en appelant à la libération d'un opposant kurde du président Recep Tayyip Erdogan écroué depuis plus de deux ans.

Lors d'une conférence de presse jeudi à Ankara avec le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a dit espérer que Selahattin Demirtas, un des principaux rivaux de M. Erdogan, serait "bientôt" libéré.

Mme Mogherini "a un peu dépassé les bornes. Je le lui ai dit pendant notre entretien", a déclaré M. Cavusoglu lors d'un entretien à la chaîne CNN-Türk.

Détenu depuis novembre 2016, Selahattin Demirtas, un charismatique orateur âgé de 45 ans, est une des figures de proue du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurdes).

Mardi, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a sommé la Turquie de mettre fin à la détention provisoire de M. Demirtas, mais le président turc a balayé cette décision en estimant qu'elle n'était pas contraignante pour Ankara.

L'opposant kurde, qui a été condamné en septembre dernier à 4 ans et 8 mois de prison pour "propagande terroriste", est poursuivi dans de nombreux dossiers et encourt jusqu'à 142 ans de prison dans le cadre de son principal procès.

Son incarcération est régulièrement critiquée par les organisations de défense des droits de l'homme qui accusent M. Erdogan de chercher à étouffer toute voix d'opposition, en particulier depuis la tentative de coup d'Etat du 15 au 16 juillet 2016.

Après le coup de force, les autorités turques ont lancé des purges d'une ampleur sans précédent qui, au-delà des putschistes et de leurs partisans présumés, ont également visé les milieux prokurdes et la presse critique.

Tout en soulignant l'importance pour l'Europe du partenariat "stratégique" avec Ankara, Mme Mogherini a également fait part jeudi de sa préoccupation au sujet de l'interpellation la semaine dernière de plusieurs intellectuels.

"La Turquie serait plus forte avec une société unie, des médias libres et un dialogue constant et ouvert entre la société civile et les dirigeants", a souligné la cheffe de la diplomatie européenne.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.