Page Précédente

L'UE dénonce l'arrestation d'universitaires en Turquie, regrette un "climat d'intimidation" (officiel)


Samedi 16 janvier 2016 à 12h49

Bruxelles, 16 jan 2016 (AFP) — L'Union européenne a dénoncé samedi l'interpellation d'une vingtaine d'universitaires turcs qui avaient signé une pétition appelant à la fin des opérations controversées de l'armée contre la rébellion kurde dans le sud-est de la Turquie, regrettant "un climat d'intimidation".

L'interpellation vendredi de ces universitaires, remis en liberté en fin de journée mais qui font toujours l'objet de poursuites, est "un développement extrêmement préoccupant", a estimé la porte-parole de l'UE pour les Affaires étrangères dans un communiqué.

Dans toute la Turquie, des enquêtes ont été ouvertes pour "propagande terroriste", "insulte aux institutions et à la République turque" et "incitation à violer la loi" contre les signataires de la pétition, qui risquent un à cinq ans de prison.

Une dizaine d'universités ont parallèlement engagé des poursuites disciplinaires contre plus de soixante autres professeurs ou chercheurs.

"Nous réaffirmons notre condamnation la plus forte de toutes les formes d'attaques terroristes, y compris par le PKK, ainsi que de l'attaque contre le siège de la police à Cinar le 14 janvier" qui a fait six morts dans cette ville du sud-est et a été attribuée aux rebelles kurdes, a déclaré la porte-parole de l'UE.

"Mais la lutte contre le terrorisme doit pleinement respecter les obligations du droit international, y compris les droits de l'homme et le droit humanitaire", a-t-elle poursuivi. "La liberté d'expression doit être garantie (...) un climat d'intimidation va à l'encontre de cela", a insisté la porte-parole.

"Nous attendons de la Turquie que sa législation soit mise en oeuvre conformément aux standards européens", a-t-elle déclaré, alors que le processus d'adhésion avec l'UE, au point mort depuis 2005, a été redynamisé fin novembre à la faveur d'un rapprochement entre Ankara et Bruxelles pour tenter d'endiguer le flux de migrants venant de Syrie et d'Irak.

L'"initiative des universitaires pour la paix" avait été rendue publique lundi par 1.200 intellectuels qui exigeaient la fin de l'intervention musclée des forces de sécurité turques contre les partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est en majorité kurde de la Turquie.

Dans ce texte, ils dénoncent "un massacre délibéré et planifié en totale violation des lois turques et des traités internationaux signés par la Turquie".

"L'UE réitère sa conviction profonde que le processus de paix avec les Kurdes reste le seul moyen de résoudre un conflit qui continue à coûter trop de vies", a assuré la porte-parole.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.