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L'ONU propose le report d'un an des élections à Kirkouk, selon des députés


Mardi 5 août 2008 à 19h27

BAGDAD, 5 août 2008 (AFP) — Les Nations unies ont proposé le report d'un an du scrutin controversé dans la région pétrolière irakienne de Kirkouk afin de sortir de l'impasse et permettre la tenue des élections provinciales le 1er octobre dans le reste de l'Irak, ont indiqué mardi des députés.

Le Parlement irakien, qui a tenu une nouvelle session mardi pour débattre du projet de la loi électorale controversé, doit poursuivre ses discussions mercredi.

"Nous avons accepté le projet en cinq points de l'ONU qui consiste (notamment) à repousser les élections à Kirkouk au plus tard jusqu'à décembre 2009 et de laisser la discussion se poursuivre durant un an pour régler la question de cette province", a déclaré à l'AFP le député kurde Mahmoud Othman.

Selon lui, l'ONU, qui doit superviser le scrutin, suggère aussi durant la période transitoire de maintenir en l'état le conseil provincial et de faire une étude sur la démographie à Kirkouk que les Kurdes souhaitent voir rattacher à leur province autonome du Kurdistan, à une cinquantaine de km plus au nord.

"Nous avons des réserves mais nous accepté ce projet dans un esprit de conciliation", a-t-il dit à l'AFP.

Selon des sources parlementaires, outre le bloc kurde, les chiites du du Conseil suprême islamique en Irak (CSII) et du Dawa, ainsi que les sunnites du Parti islamique et du Front de la Concorde ont accepté la proposition onusienne.

"Avec l'aide de l'ONU, nous avons abouti à une nouvelle formulation de l'article 24, qui a été accepté par les Kurdes et par d'autres députés", a dit à la presse Khaled Al-Attiya, vice-président du Parlement. "Nous avons été surpris par les objections d'autres députés", a ajouté ce député du CSII.

Selon lui, les opposants sont constitués des députés chiites favorables au chef radical Moqtada Sadr, des parlementaires sunnites du Front irakien pour le dialogue national et des Turcomans, qui ont proposé de repousser les élections jusqu'en 2009.

Le projet de loi qui devait régir les scrutins provinciaux d'octobre avait été approuvé le 22 juillet par le Parlement, dans un contexte tendu: seuls 140 députés sur 275 étaient présents au vote et de nombreux parlementaires avaient dénoncé des irrégularités dans la procédure du vote, boycotté par les 54 députés kurdes et d'autres législateurs hostiles à la loi.

En réaction, le Conseil présidentiel, composé du chef de l'Etat Jalal Talabani et de ses deux adjoints, avait décidé d'opposer son veto au texte.

Les Kurdes, en particulier, s'opposent à la loi en raison d'un différend sur la répartition du pouvoir entre les différentes communautés de la région riche en pétrole de Kirkouk.

Située à 250 kilomètres au nord de Bagdad, Kirkouk avait été placée par l'ancien président Saddam Hussein hors du Kurdistan irakien, une région indépendante de facto depuis 1991. Alors que les Kurdes ont aujourd'hui consolidé leur pouvoir au sein du nouvel Irak, ils exigent son rattachement à leur région autonome.

Lundi, le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a fustigé ce projet de loi en soulignant: "Nous sommes pour la répartition du pouvoir à Kirkouk mais pas à parts égales. La répartition doit dépendre des résultats électoraux".

L'article 24 du projet de loi proposait une répartition à part égale du pouvoir au conseil provincial de Kirkouk entre les Arabes, Kurdes et Turcomans.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.