
Mercredi 31 mai 2006 à 20h53
ANKARA, 31 mai 2006 (AFP) — Les crimes d'honneur déguisés en suicides et autres "suicides forcés" parmi des femmes notamment dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, ne peuvent pas être ignorés et doivent faire l'objet d'enquêtes approfondies, a déclaré mercredi un rapporteur de l'Onu.
"Les indices qui justifient qu'on ait des suspicions à ce sujet ne peuvent pas être écartés" a précisé à la presse Yakin Erturk, rapporteur sur la violence à l'encontre des femmes au sein de la commission des droits de l'Homme des Nations unies, à l'issue d'un voyage d'enquête dans les trois provinces du sud-est de la Turquie.
"Les informations que j'ai réunies m'incitent à penser qu'il ne s'agit pas de suicides ordinaires. Les autorités devraient être très méticuleuses dans l'examen des cas suspects" a-t-il ajouté.
Mme Erturk a expliqué que plusieurs des cas de suicide qu'on lui avait rapportés dans les provinces de Batman, Sanliurfa et Van ne semblaient pas avoir de mobile caché mais qu'il y avait des cas où il y avait de bonnes raisons de penser qu'il s'agissait d'un crime d'honneur déguisé en suicide ou accident. Elle a cité notamment le cas d'une femme qui se serait pendue alors qu'elle avait le corps couvert de graves hématomes.
Les "crimes d'honneur", régulièrement dénoncés par l'Union européenne, où une femme est tuée parce qu'elle a "entaché l'honneur de la famille" par une relation extraconjugale sont courants dans les régions pauvres de la Turquie et notamment dans le sud-est à majorité kurde.
Selon les autorités 1.190 personnes ont trouvé la mort au cours des six dernières années dans des crimes de ce type.
La justice turque n'accorde plus les circonstances atténuantes aux meurtriers et le gouvernement a renforcé les dispositions visant à protéger les femmes mais Mme Erturk a dénoncé le peu d'empressement des autorités à faire appliquer les lois et la tendance des politiciens et des administrateurs à se conformer aux traditions locales au détriment des droits des femmes.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.