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L'ONU accuse Ankara de "graves violations" dans la région kurde


Vendredi 10 mars 2017 à 10h42

Genève, 10 mars 2017 (AFP) — Les forces de sécurité turques auraient commis de "graves violations" lors des actions menées contre les rebelles kurdes depuis la fin du cessez-le-feu à l'été 2015, a dénoncé vendredi l'ONU, estimant les déplacés entre 355.000 et 500.000.

Dans son premier rapport sur le sujet, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme détaille les "allégations de destruction massive, de meurtres et de nombreuses autres violations graves des droits de l'Homme commises entre juillet 2015 et décembre 2016 dans le sud-est de la Turquie, au cours des opérations de sécurité gouvernementales".

Le sud-est à majorité kurde de la Turquie est ensanglanté par des combats quotidiens entre les rebelles du Parti du Travailleur du Kurdistan (PKK), classé organisation "terroriste" par Ankara, Bruxelles et Washington, et les forces de sécurité depuis la rupture, à l'été 2015, d'un fragile cessez-le-feu. Le conflit kurde a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

D'après l'ONU, les opérations menées par les forces turques entre juillet 2015 et fin 2016 ont touché plus de 30 localités, dont certains quartiers ont été rasés, et entre 335.000 et 500.000 personnes déplacées, en majorité des Kurdes.

N'ayant pas été autorisé à se rendre sur place par la Turquie, le Haut-Commissariat a établi son rapport sur la base d'images satellite de l'ONU, d'interviews avec des victimes, des témoins ou leurs familles et d'informations d'organisations non gouvernementales.

Quelque 2.000 personnes, dont 800 membres des forces de sécurité et 1.200 habitants de la région, "auraient été tuées dans le cadre des opérations de sécurité dans le sud-est de la Turquie", rapporte l'ONU.

Parmi les 1.200 civils tués, "un nombre indéterminé d'entre eux pourraient avoir été impliqués dans des actions non violentes contre l'Etat", précise le rapport.

L'ONU documente aussi un "usage excessif de la force, des assassinats, des disparitions forcées, des actes de torture".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.