Page Précédente

L'offensive turque en Syrie s'intensifie avec des bombardements meurtiers


Lundi 29 août 2016 à 04h05

Istanbul, 29 août 2016 (AFP) — L'armée turque a intensifié son offensive dans le nord de la Syrie où elle combat les jihadistes et des milices kurdes, tuant des dizaines de personnes dans des bombardements.

L'armée turque, qui s'est enfoncée plus en profondeur en territoire syrien pendant le week-end, a annoncé dimanche avoir tué "25 terroristes", un terme qui s'applique aux combattants kurdes ou alliés à ces derniers.

Mais l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui s'appuie sur un large réseau de sources en Syrie, a signalé la mort d'au moins 40 civils dans des bombardements turcs.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé vouloir lutter avec "la même détermination" contre les forces kurdes et le groupe Etat islamique (EI), lors d'un discours dimanche à Gaziantep, une ville du sud-est de la Turquie endeuillée par un attentat qui a fait 55 morts pendant un mariage.

"Nous n'accepterons aucune activité terroriste à, ou près de, nos frontières", a-t-il mis en garde.

La veille, Ankara avait annoncé sa première perte militaire connue depuis le début de l'opération "Bouclier de l'Euphrate", à laquelle participent une cinquantaine de chars et des centaines de soldats turcs entrés en Syrie depuis mercredi.

- 'Civils' ou 'terroristes' tués ? -

Le week-end a été marqué par de violents affrontements entre les militaires turcs et les combattants kurdes ou soutenus par eux, pris sous le feu nourri de l'artillerie et des avions d'Ankara.

L'armée turque a fait état dimanche de la mort de "25 membres terroristes" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et du Parti de l'Union démocratique (PYD) --le principal parti kurde de Syrie-- près de Jarablos.

"Toutes les mesures ont été prises pour empêcher que les populations civiles ne soient touchées", a-t-elle insisté, citée par l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Les bombardements turcs, qui se concentrent sur la zone au sud de Jarablos, ont provoqué dimanche la mort d'"au moins 20 civils" dans le village de Jeb el-Koussa et de 20 autres près du village d'al-Amarné, a de son côté déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. Les bombardements ont aussi fait plus de 70 blessés.

Il s'agit, selon l'OSDH, des premiers civils tués depuis le début de l'offensive turque mercredi.

Dans un communiqué, les Kurdes ont accusé Ankara de "vouloir élargir son occupation pour parvenir à d'autres régions syriennes".

Samedi, des affrontements avaient éclaté pour la première fois au sol, entre des chars turcs et des combattants kurdes ou soutenus par ces derniers à al-Amarné.

Le corps du premier soldat turc tué depuis le début de l'offensive a été rapatrié dimanche dans sa province natale de Düzce (nord-ouest) pour y être inhumé.

- Incertitude à Alep -

Le conflit syrien, qui a fait plus de 290.000 morts depuis son début en mars 2011, a encore gagné en complexité avec l'intervention turque.

Ainsi, Ankara considère le PYD et sa branche armée, les YPG, comme des organisations "terroristes", bien qu'elles soient épaulées, en tant que forces combattant efficacement les jihadistes, par Washington, allié traditionnel de la Turquie.

Sur un autre front, au moins trois personnes ont été tuées et 20 blessées dans des bombardements du régime syrien sur le quartier de Waer de Homs (centre), selon l'OSDH.

A l'approche d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU mardi, le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a appelé la Russie à condamner le recours aux armes chimique par le régime syrien, soutenu par Moscou.

L'incertitude régnait autour d'une proposition de cessez-le-feu humanitaire de 48 heures à Alep, la deuxième ville de Syrie. L'envoyé spécial des Nations unies Staffan de Mistura avait exhorté samedi les belligérants à donner leur réponse avant dimanche.

L'ancienne capitale économique est menacée d'"une catastrophe humanitaire sans précédent" depuis le début de la guerre, a récemment averti l'ONU.

Quelque 1,5 million de personnes y sont prises au piège depuis l'intensification des combats à la mi-juillet entre rebelles et forces gouvernementales syriennes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.