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L'offensive turque en Syrie s'intensifie, au moins 35 civils tués


Dimanche 28 août 2016 à 13h18

Beyrouth, 28 août 2016 (AFP) — Au moins 35 civils ont été tués dimanche dans le nord de la Syrie par des bombardements de l'armée turque au cinquième jour de son offensive visant à la fois les jihadistes et les Kurdes.

Les tirs d'artillerie et les frappes aériennes menés par la Turquie dans le cadre de l'opération "Bouclier de l'Euphrate" se concentrent sur la zone au sud de Jarablos, ex-fief du groupe Etat islamique (EI) proche de la frontière turque. Cette localité a été la première à tomber aux mains de rebelles soutenus par Ankara.

Ces bombardements ont tué dimanche matin "au moins 20 civils" et blessé "50 autres" dans le village de Jeb el-Koussa, a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Par ailleurs, "15 civils ont péri et 25 ont été blessés, la plupart grièvement, dans des bombardements turcs près du village d'al-Amarné", également au sud de Jarablos, a-t-il ajouté.

Ces morts civiles sont, selon l'OSDH, les premières depuis le début mercredi de l'opération turque visant à chasser l'EI de sa frontière et à stopper la progression des autonomistes kurdes.

Un porte-parole de l'administration semi-autonome instaurée par les Kurdes en Syrie depuis 2012 à la faveur de la guerre a pour sa part donné un bilan de "75 morts" dans les deux villages.

- Un soldat de 28 ans tué -

De son côté, l'armée turque a annoncé avoir tué 25 "terroristes" kurdes dans le nord de la Syrie.

D'après la télévision turque NTV, l'artillerie et les avions turcs ont bombardé toute la nuit et dans la matinée des positions des Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale force armée kurde en Syrie.

Jeb el-Koussa est situé à 14 km au sud de Jarablos et est contrôlé par des combattants locaux soutenus par les forces kurdes. D'après l'OSDH, au moins quatre combattants ont été tués dans les bombardements sur le village.

Samedi, des affrontements avaient éclaté pour la première fois entre des chars turcs et des combattants kurdes ou soutenus par ces derniers à al-Amarné, à 8 km au sud de Jarablos.

Ils ont provoqué la première mort, côté turc, d'un soldat qui a été tué dans une attaque à la roquette menée contre deux chars turcs par les YPG.

La Turquie considère le PYD (Parti de l'Union démocratique, principal parti kurde de Syrie) et sa branche armée, les YPG, comme des organisations "terroristes", bien qu'elles soient épaulées, en tant que forces combattant efficacement les jihadistes, par Washington, allié traditionnel d'Ankara.

Le soldat tué, Ercan Celik, 28 ans, sera enterré dimanche à Ganziantep, où le président turc Recep Tayyip Erdogan sera en visite.

- Incertitude à Alep -

Sur un autre front de la guerre en Syrie, qui devient de plus en plus complexe, l'ONU attendait toujours la décision des belligérants concernant un cessez-le-feu humanitaire de 48 heures pour venir en aide à la population assiégée d'Alep, deuxième ville du pays.

Cet appel avait été lancé samedi par l'envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura, au lendemain de l'annonce par Moscou et Washington de progrès vers une cessation des combats en Syrie, mais avec de nombreuses modalités encore à définir.

M. de Mistura a avait appelé les belligérants "à faire tous les efforts possibles afin de donner une réponse "d'ici dimanche".

Plusieurs groupes rebelles, qui contrôlent l'est de la ville, ont annoncé dimanche dans un communiqué qu'ils acceptaient le principe de trêve mais "sous conditions".

Ils ont notamment réclamé l'entrée de l'aide à Alep se fasse "via la route de Ramoussa", un passage contrôlé par les rebelles au sud de la métropole et non pas via la route du Castello, contrôlée par les troupes gouvernementales au nord.

Ils expliquent qu'ils ne veulent pas que "le régime d'Assad contrôle le seul accès par lequels transiterait l'aide humanitaire vers les quartiers" aux mains des insurgés à Alep.

L'émissaire onusien a déploré samedi ces réticences. Le régime de Damas, lui, n'a toujours pas réagi.

L'ancienne capitale économique de la Syrie est menacée d'"une catastrophe humanitaire sans précédent" depuis le début de la guerre, a récemment averti l'ONU.

Quelque 1,5 million de personnes y sont prises au piège des rebelles et des forces gouvernementales syriennes depuis la mi-juillet, quand les combats se sont intensifiés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.