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L'offensive turque en Irak s'intensifie, Ankara ne donne pas d'échéances


Mercredi 27 février 2008 à 14h19

ANKARA, 27 fév 2008 (AFP) — La Turquie a intensifié mercredi son offensive militaire contre les rebelles kurdes dans le nord de l'Irak et refusé de fixer un terme à l'incursion, en dépit des appels de Washington à un retrait rapide.

L'armée turque a affirmé avoir tué depuis mardi soir 77 rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), au cours des "plus lourds combats" menés depuis le début, le 21 février, de l'offensive dans les montagnes enneigées du nord de l'Irak.

Cinq soldats turcs et trois miliciens kurdes supplétifs de l'armée turque ont péri dans les combats, a ajouté l'état-major.

Ces pertes portent à 230 le nombre de rebelles tués depuis le début de l'opération et à 27 celui des morts dans le camp de l'armée turque, miliciens compris, selon son propre décompte.

Le dernier bilan fourni par le PKK faisait état de 94 soldats et trois rebelles tués.

Alors que l'aviation turque continuait de bombarder des positions du PKK, un conseiller du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan dépêché mercredi à Bagdad pour discuter de l'incursion a affirmé que la Turquie ne fixerait pas de calendrier de retrait de ses soldats tant qu'ils n'auraient pas éradiqué les rebelles.

"Il n'y aura pas de calendrier de retrait des troupes turques du nord de l'Irak tant que la présence de l'organisation terroriste n'est pas éliminée", a déclaré à la presse Ahmet Davutoglu, le principal conseiller de politique étrangère de M. Erdogan.

La délégation turque, également composée d'un diplomate de haut rang et d'un deuxième assistant de M. Erdogan- devait rencontrer le président irakien Jalal Talabani, le chef de la diplomatie Hoshyar Zebari et l'ambassadeur américain à Bagdad Ryan Crocker.

Le gouvernement irakien a sévèrement condamné mardi l'opération militaire, la qualifiant de "violation de la souveraineté de l'Irak".

Peu avant la déclaration de M. Davutoglu, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates avait affirmé que la durée de l'opération devrait se mesurer "en termes de jours, voire une ou deux semaines. Mais pas en mois".

M. Gates, attendu mercredi à Ankara pour des entretiens jeudi avec les dirigeants turcs, a indiqué à New Delhi qu'il s'efforcerait de convaincre ses interlocuteurs turcs que "l'action militaire seule ne résoudra pas le problème du terrorisme pour la Turquie".

"Il y a une place pour les opérations de sécurité, mais elles doivent être accompagnées d'initiatives économiques et politiques (...) Il faut répondre aux problèmes et aux plaintes des Kurdes dans le cadre d'initiatives pas seulement militaires afin de trouver une solution sur le long terme", a-t-il dit.

Les Etats-Unis, qui fournissent depuis plusieurs mois des renseignements en temps réel sur les déplacements des rebelles dans le nord de l'Irak, s'inquiètent de l'éventualité d'un conflit entre leurs deux alliés régionaux, les Turcs et les Kurdes d'Irak, en cas d'enlisement de l'opération turque.

A Washington, une porte-parole de la Maison Blanche a cependant estimé que les Turcs s'étaient comportés jusque-là de manière "plutôt responsable".

"Nous pensons que la Turquie a le droit de se défendre", a déclaré mardi soir la porte-parole Dana Perino. "C'est donc une situation dont, évidemment, personne ne voudrait, mais (...) nous pensons que les Turcs se sont montrés plutôt responsables jusqu'à présent dans la conduite de cette opération".

M. Gates doit arriver tard mercredi à Ankara, où il doit rencontrer le lendemain le président Abdullah Gül, le Premier ministre ainsi que le ministre de la Défense Vecdi Gönül et le général commandant l'état-major Yasar Büyükanit.

Ankara estime à 4.000 le nombre de rebelles retranchés dans le nord de l'Irak. Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 37.000 morts depuis le début en 1984 de l'insurrection du PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis.

burs-nc/sf/sg

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.