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L'offensive turque contre les miliciens kurdes en Syrie


Mardi 30 janvier 2018 à 12h55

Beyrouth, 30 jan 2018 (AFP) — L'armée turque mène depuis le 20 janvier dans le nord de la Syrie une offensive contre une milice kurde, les Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme "terroriste" par Ankara, mais alliée des Etats-Unis dans la lutte antijihadistes.

L'offensive intervient après l'annonce par la coalition antijihadistes emmenée par Washington de la création d'une "force frontalière" composée notamment de combattants kurdes, un projet qui a suscité la colère d'Ankara.

- 'Rameau d'olivier' -

Le 20 janvier, la Turquie lance une offensive terrestre et aérienne baptisée "Rameau d'olivier" contre les YPG dans la région d'Afrine, dans le nord de la Syrie. Elle considère ces milices comme la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une rébellion dans le sud-est de la Turquie depuis plus de 30 ans.

Damas condamne "la brutale agression de la Turquie".

La Russie, qui se déclare "préoccupée", indique que les militaires russes ont quitté la zone d'Afrine pour "empêcher d'éventuelles provocations" ou menaces. La milice kurde déclare qu'elle va "tenir la Russie pour responsable de ces attaques au même titre que la Turquie".

- 'Légitime' -

Le 21, des chars et des militaires turcs entrent dans la région d'Afrine.

Le Premier ministre turc indique que l'objectif est d'établir une "zone de sécurité" d'une profondeur de 30 km à partir de la frontière.

Le département d'Etat américain appelle la Turquie à "faire preuve de retenue". Mais le secrétaire à la Défense Jim Mattis assure qu'Ankara a prévenu Washington avant de lancer son opération, estimant que les préoccupations sécuritaires de la Turquie sont "légitimes".

Le 22, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson réitère l'appel à la "retenue", tout en reconnaissant "le droit légitime de la Turquie" à se "protéger".

- 'Pas de marche arrière' -

"La question d'Afrine sera réglée, il n'y aura pas de marche arrière (...). Nous en avons parlé avec nos amis russes, nous avons un accord", déclare le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition kurdo-arabe dont les YPG sont la principale composante, appellent la coalition internationale à "prendre ses responsabilités", affirmant que l'offensive constitue un "soutien clair" au groupe Etat islamique (EI).

- Roquettes sur la Turquie -

Le 23, les autorités locales kurdes décrètent la "mobilisation générale". Affrontements entre forces turques et combattants kurdes, avec des frappes aériennes d'Ankara.

Le lendemain, deux roquettes sont lancées à partir de la Syrie sur la ville frontalière de Kilis, suivies de représailles de l'artillerie turque.

- Frictions Washington/Ankara -

Le président américain Donald Trump "exhorte la Turquie à réduire et limiter ses actions militaires" et demande à son homologue d'éviter "toute action qui risquerait de provoquer un affrontement entre les forces turques et américaines", selon la Maison Blanche.

Mais le 25, des sources officielles turques contestent cette version. "Le président Trump n'a pas exprimé d'inquiétude (à propos) d'une escalade de la violence" à Afrine.

Le Pentagone affirme que Washington et Ankara sont en discussion concernant la création d'une "zone sécurisée".

L'administration semi-autonome d'Afrine appelle à l'aide le régime d'Assad.

- 'Nettoyer Minbej' -

Le 26, M. Erdogan, qui a effectué la veille une tournée d'inspection à la frontière, menace d'élargir l'offensive. "Nous nettoierons Minbej des terroristes (...) Puis, nous poursuivrons notre lutte pour ne laisser aucun terroriste jusqu'à la frontière irakienne".

Le lendemain, Ankara somme les Etats-Unis de retirer leurs militaires déployés à Minbej.

- Mont Barsaya -

Le 28, l'armée turque prend une colline stratégique dans le nord-est d'Afrine, le Mont Barsaya, qui domine la région syrienne d'Azaz et celle turque de Kilis.

M. Erdogan se dit résolu à élargir l'offensive vers l'Est, notamment à la ville de Minbej. "La frontière (syrienne) sera nettoyée", dit-il.

Depuis le 20 janvier, les combats ont coûté la vie à sept soldats turcs, selon Ankara, tandis que 76 rebelles pro-turcs et 78 combattants kurdes ont été tués dans les affrontements, d'après l'Obervatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.