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L'offensive turque contre les miliciens kurdes en Syrie


Lundi 19 mars 2018 à 18h35

Beyrouth, 19 mars 2018 (AFP) — L'armée turque mène depuis le 20 janvier dans le nord de la Syrie une offensive contre une milice kurde, les Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme "terroriste" par Ankara, mais alliée des Etats-Unis dans la lutte antijihadistes.

Cette offensive est intervenue après l'annonce par la coalition antijihadistes emmenée par Washington de la création d'une "force frontalière" composée notamment de combattants kurdes, projet qui a suscité la colère d'Ankara.

- 'Rameau d'olivier' -

Le 20 janvier, la Turquie lance une offensive terrestre et aérienne baptisée "Rameau d'olivier" contre les YPG dans la région d'Afrine. Elle considère ces milices comme la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une rébellion dans le sud-est de la Turquie depuis plus de 30 ans.

Damas condamne "la brutale agression de la Turquie" tandis que la Russie se déclare "préoccupée". La milice kurde déclare qu'elle va "tenir la Russie pour responsable de ces attaques au même titre que la Turquie".

- 'Légitimes' -

Le 21 janvier, des chars et des militaires turcs entrent dans la région d'Afrine. Le Premier ministre turc indique que l'objectif est d'établir une "zone de sécurité" d'une profondeur de 30 km à partir de la frontière.

Le département d'Etat américain appelle la Turquie à "faire preuve de retenue". Mais le secrétaire à la Défense Jim Mattis assure qu'Ankara a prévenu Washington avant de lancer son opération et estime que les préoccupations sécuritaires de la Turquie sont "légitimes".

- 'Accord' avec la Russie -

"La question d'Afrine sera réglée, il n'y aura pas de marche arrière (...). Nous en avons parlé avec nos amis russes, nous avons un accord", déclare le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition kurdo-arabe dont les YPG sont la principale composante, appellent la coalition internationale à "prendre ses responsabilités".

Le 23 janvier, les autorités locales kurdes décrètent la "mobilisation générale". Affrontements entre forces turques et combattants kurdes, avec des frappes aériennes d'Ankara.

Le lendemain, des roquettes sont lancées à partir de la Syrie sur la ville frontalière de Kilis, suivies de représailles de l'artillerie turque.

- Frictions Washington/Ankara -

Donald Trump "exhorte la Turquie à réduire et limiter ses actions militaires" et demande à son homologue d'éviter "toute action qui risquerait de provoquer un affrontement entre les forces turques et américaines", selon la Maison Blanche.

Le 25 janvier, des sources officielles turques contestent cette version: "Le président Trump n'a pas exprimé d'inquiétude (à propos) d'une escalade de la violence" à Afrine.

Le 26, M. Erdogan menace d'élargir l'offensive: "Nous nettoierons Minbej des terroristes (...)". Le lendemain, Ankara somme les Etats-Unis de retirer leurs militaires déployés à Minbej, ville du nord de la Syrie.

Le 16 février, les Etats-Unis et la Turquie conviennent de travailler "ensemble", avec "en priorité" la recherche d'une solution pour Minbej.

- Prise d'Afrine -

Les 20 et 21 février, des forces loyales au régime syrien se déploient dans l'enclave kurde. La Turquie affirme qu'elle considère comme une "cible légitime" tout groupe qui viendrait en aide aux YPG et déploie le 26 des unités des forces spéciales de la police.

Le 8 mars, les forces turques et les groupes rebelles pro-Ankara prennent le contrôle de la ville de Jandairis.

Le 18, Les forces turques et leurs supplétifs syriens arrachent aux milices YPG l'ensemble de la ville d'Afrine. Scènes de pillage par des combattants pro-turcs, condamnées par des responsables kurdes et de l'opposition syrienne.

"La résistance à Afrine va se poursuivre jusqu'à la libération de chaque territoire", dit l'administration locale kurde de la région d'Afrine.

Le 19, les forces pro-turques renforcent leur emprise sur Afrine, vidée de ses dizaines de milliers d'habitants. Nouveux actes de pillage. "C'est le chaos généralisé", dit l'OSDH.

- Erdogan promet d'élargir l'offensive -

Washington met en garde Ankara, exprimant sa "grande préoccupation" après la prise par les forces turques de l'enclave d'Afrine. Damas condamne "l'occupation turque" d'Afrine et réclame un "retrait immédiat".

Le président Erdogan affirme que la Turquie va élargir son offensive à d'autres zones kurdes en Syrie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.