Lundi 14 decembre 2009 à 13h39
TEHERAN, 14 déc 2009 (AFP) — L'Iran va juger les trois randonneurs américains arrêtés cet été au Kurdistan iranien après avoir franchi par erreur, selon eux, la frontière depuis l'Irak, a annoncé lundi le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki.
"L'interrogatoire de ces trois Américains qui sont entrés illégalement en Iran avec des buts suspects continue. Ils seront jugés et un verdict sera prononcé", a déclaré M. Mottaki lors d'une conférence de presse diffusée en direct par la chaîne de télévision iranienne Press-TV.
Shane Bauer, 27 ans, Sarah Shourd, 31 ans et Josh Fattal, 27 ans, ont été arrêtés le 31 juillet après avoir pénétré en territoire iranien alors qu'ils effectuaient une randonnée dans une région montagneuse du Kurdistan irakien.
Le 9 novembre, le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi avait affirmé que "l'accusation pesant sur les trois Américains arrêtés à la frontière entre l'Iran et l'Irak est l'espionnage".
Mais le lendemain M. Mottaki avait affirmé que les trois randonneurs américains étaient seulement inculpés d'"entrée illégale" dans le pays.
Washington a réclamé à plusieurs reprises leur libération, soulignant que la frontière entre les deux pays est peu marquée à cet endroit. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a affirmé que les Etats-Unis déployaient tous les efforts pour les aider.
Début décembre, 79 personnalités du monde entier, dont le milliardaire britannique Richard Branson et l'actrice américaine Mia Farrow, ont lancé un appel au président iranien Mahmoud Ahmadinejad pour qu'il fasse libérer les trois prisonniers. Ils sont détenus à la prison d'Evine à Téhéran, dans des cellules distinctes où ils n'ont eu droit qu'à un nombre restreint de visites.
Cette affaire constitue une contentieux de plus entre Téhéran et Washington, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis la révolution islamique de 1979 et la prise en otage, pendant plus d'un an, d'une cinquantaine d'Américains travaillant à l'ambassade à Téhéran.
Elle intervient alors que les Etats-Unis sont accusés par l'Iran de vouloir contrôler son programme nucléaire, dont les Occidentaux redoutent, malgré les démentis iraniens répétés, qu'il ait des objectifs militaires.
En réponse aux appels pour la libération des trois randonneurs, l'Iran a soulevé le cas de onze Iraniens "enlevés" dans différents pays étrangers à l'instigation de Washington, selon Téhéran qui affirme que huit d'entre eux sont détenus aux Etats-Unis.
L'Iran a notamment accusé les Etats-Unis d'avoir enlevé un scientifique nucléaire iranien, Shahram Amiri, disparu en mai lors d'un pèlerinage en Arabie Saoudite.
Le gouvernement américain n'a pas réagi aux accusations iraniennes.
Ces dernières années, l'Iran a arrêté plusieurs ressortissants irano-américains soupçonnés d'activités contre la sécurité nationale.
Parmi eux figure l'universitaire Kian Tajbakhsh, qui a été de nouveau arrêté et condamné à 15 ans de prison après les manifestations ayant suivi la réélection du président Ahmadinejad en juin.
Une autre Américain, l'ancien agent du FBI Robert Levinson, a disparu lors d'un voyage sur l'île iranienne de Kish en mars 2007. Les autorités iraniennes ont toujours affirmé n'avoir aucune information sur son sort.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.