Page Précédente

L'Iran fait état de plus de 300 morts depuis le début des troubles


Mardi 29 novembre 2022 à 16h43

Téhéran, 29 nov 2022 (AFP) — Les autorités iraniennes ont pour la première fois fait état de la mort de plus 300 personnes dans les troubles qui ont suivi le décès de Mahsa Amini, 22 ans, après son arrestation par la police des moeurs à Téhéran à la mi-septembre.

La mort le 16 septembre de cette jeune Kurde iranienne a déclenché une vague de manifestations, d'abord en province puis à Téhéran, qui a été réprimée par les forces de l'ordre.

Amini avait été arrêtée trois jours plus tôt par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict du pays, imposant notamment aux femmes le port du voile en public.

"Tout le monde dans le pays a été affecté par la mort de cette dame", a déclaré le général Amirali Hajizadeh, commandant de la force aérospatiale des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, dans une vidéo mise en ligne par l'agence de presse Mehr.

"Je n'ai pas les dernières statistiques, mais je pense que nous avons eu peut-être plus de 300 martyrs et personnes tués parmi les meilleurs enfants de ce pays à la suite de cet incident", a-t-il ajouté, faisant allusion aux forces de l'ordre et aux manifestants.

Dans ce bilan figurent des dizaines de membres des forces de l'ordre tués dans des affrontements avec les manifestants ou assassinés, selon les autorités iraniennes.

Ce bilan se rapproche de ceux diffusés par des ONG basées à l'étranger.

L'ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, a fait état d'au moins 448 personnes mortes "dans la répression des manifestations en cours à travers l'Iran".

Selon cette organisation, ce chiffre comprend les personnes tuées dans les manifestations liées à la mort de Mahsa Amini et celles ayant péri dans des violences dans la province du Sistan-Baloutchistan (sud-est).

- Des détenus libérés -

Des milliers d'Iraniens et une quarantaine d'étrangers ont en outre été arrêtés et plus de 2.000 personnes ont été inculpées, selon les autorités judiciaires.

Parmi les inculpés, six ont été condamnés à mort en première instance et leur sort dépend désormais de la Cour suprême. L'agence de presse de l'autorité judiciaire, Mizan Online, a fait état mardi de l'ouverture du procès d'une personne liée aux manifestations qui risque, elle aussi, la peine capitale.

Depuis la Révolution islamique de 1979, la loi impose à toutes les femmes le port d'un voile recouvrant la tête et le cou tout en dissimulant les cheveux et la police des moeurs patrouille dans les lieux publics pour vérifier la bonne application de ces règles.

Cependant, ces deux dernières décennies, de plus en plus de femmes à Téhéran et dans d'autres grandes villes laissent des mèches de cheveux, voire plus, dépasser de leur voile.

Dans ce contexte, la mort de Mahsa Amini a créé une onde de choc dans la population.

Ses effets se font sentir y compris dans le sport alors que la "Team Melli", l'équipe nationale d'Iran, doit affronter mardi soir à Doha les Etats-Unis.

Ce match, entre deux pays qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, s'annonce comme un moment fort du Mondial-2022 au Qatar, avec pour enjeu une qualification en huitième de finale, mais aussi un duel hautement politique.

Mardi, la justice a annoncé la libération de plus 1.100 détenus, après la victoire vendredi de la sélection iranienne face au Pays de Galles.

"Suite à l'ordre du chef du pouvoir judiciaire après la victoire de l'équipe nationale, 1.156 prisonniers ont été libérés des prisons de 20 provinces du pays", a annoncé Mizan Online, précisant que ce chiffre comprend des détenus du mouvement de contestation.

L'agence de l'autorité judiciaire a annoncé par ailleurs mardi la libération sous caution de l'ancien gardien de la sélection nationale de football Parviz Boroumand sous l'ordre du procureur de Téhéran.

Selon les médias locaux, M. Boroumand avait été arrêté mi-novembre lors des manifestations dans la capitale iranienne.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.