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L'Irak va enquêter sur des Arabes arrêtés par les Kurdes


Mercredi 8 novembre 2017 à 17h08

Kirkouk (Irak), 8 nov 2017 (AFP) — Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a ordonné d'enquêter sur des dizaines de plaintes de familles arabes au sujet de proches dont elles disent être sans nouvelle depuis leur arrestation par les forces de sécurité kurdes.

Les forces kurdes contrôlent la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak, mais s'étaient également emparées depuis 2003 de territoires disputés avec Bagdad, dont la région de Kirkouk qui compte des populations kurde mais aussi arabe et turkmène.

Ces derniers territoires ont été repris mi-octobre par les troupes fédérales, après le rejet par Bagdad d'un référendum organisé par le Kurdistan irakien sur son indépendance.

Depuis, des manifestations ont rassemblé des centaines de personnes dans la ville de Kirkouk, réclamant aux instances gouvernementales chargées des droits de l'Homme de faire la lumière sur leurs proches arrêtés depuis 2003 par les forces de sécurité kurdes.

"Deux mille personnes ont été arrêtées depuis 2003" par les forces kurdes, a indiqué à l'AFP le député arabe de Kirkouk, Khaled al-Mafarji.

A l'occasion de la dernière manifestation mardi à Kirkouk, 74 plaintes ont été déposées, selon une source au sein du Comité des droits de l'Homme de la province de Kirkouk, une instance publique. Elles concernent des personnes arrêtées par les forces de sécurité kurdes et dont les proches assurent qu'ils ont disparu depuis.

Lors de la manifestation, les protestataires ont directement interpellé M. Abadi.

"Le Premier ministre a ordonné l'ouverture d'enquêtes au sujet des demandes des familles de personnes arrêtées par les assayechs du Kurdistan dans la province de Kirkouk pour connaître leur sort", a indiqué plus tard son bureau dans un communiqué, en référence aux services de sécurité kurdes.

Un haut responsable des services de sécurité kurdes a affirmé à l'AFP que ces arrestations relevaient de "mesures prises pour faire appliquer la loi". "Nous sommes prêts à répondre à toutes les questions du Premier ministre Abadi", a-t-il ajouté, sous le couvert de l'anonymat.

Parmi les manifestants mardi, Najm al-Chahri, a rapporté à l'AFP que son fils, 17 ans à l'époque, avait été arrêté chez lui en 2007 par les forces de sécurité kurdes. Selon lui, le jeune homme était accusé "d'avoir attaqué les forces américaines" qui étaient intervenues en Irak trois ans plus tôt, menant à la chute du dictateur Saddam Hussein.

Il a dit ne vouloir qu'une chose: "le corps de mon fils ou des informations sur son sort".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.