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L'Irak lance la dernière grande bataille contre l'EI


Jeudi 26 octobre 2017 à 21h53

Habbaniyah (Irak), 26 oct 2017 (AFP) — Les forces irakiennes ont repris jeudi des bases militaires et des villages de l'ouest frontalier de la Syrie, au premier jour de leur assaut sur le dernier bastion irakien du groupe Etat islamique (EI).

Cette offensive est menée alors que de l'autre côté de la frontière, les troupes du régime syrien et leurs supplétifs font mouvement pour prendre en étau les combattants du groupe ultraradical.

La bataille vise à étrangler l'organisation jihadiste dans son dernier carré, dans la moyenne vallée de l'Euphrate qui court de la province de Deir Ezzor dans l'est de la Syrie jusqu'à Al-Qaïm dans l'ouest de l'Irak.

Elle est "le dernier grand combat contre l'EI", disaient récemment des généraux américains de la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis.

C'est sur la localité d'Al-Qaïm, dans l'immense province désertique d'Al-Anbar, où la frontière est poreuse, que les forces irakiennes ont lancé l'assaut.

Le Premier ministre Haider al-Abadi a annoncé dans un communiqué "le lancement de la bataille pour libérer Al-Qaïm, Rawa et les environs" où se trouvent environ 1.500 jihadistes, selon Bagdad et la coalition.

"Les combattants de l'EI n'ont d'autre choix que de mourir ou de se rendre", a-t-il prévenu.

M. Abadi est actuellement en visite en Iran, poids lourd régional qui a réaffirmé son soutien à l'Irak.

En 2014, les jihadistes s'étaient emparés de près d'un tiers de l'Irak lors d'une percée fulgurante. Mais ils ont été chassés ces deux dernières années de 95% de ces régions et les environs d'Al-Qaïm sont désormais leur dernier bastion dans ce pays.

- Tribus sunnites -

Le général irakien Qassem al-Mohammedi, qui dirige les opérations contre l'EI dans l'ouest, a affirmé à l'AFP que les forces gouvernementales et des unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi, coalition dominée par des milices chiites soutenues par l'Iran, avançaient "sur quatre fronts: à l'est, au sud et au sud-est d'Al-Qaïm, et depuis la province de Ninive, plus au nord".

Dans l'après-midi, ces forces avaient repris plusieurs bases, dont la principale de l'armée dans la région, selon des sources militaires. Elles avaient été désertées par les jihadistes, a précisé à l'AFP un officier.

Pour cette bataille dans la province sunnite d'Al-Anbar, plusieurs unités tribales sunnites du Hachd ont été mobilisées. Deux de leurs hommes ont été tués au combat, d'après des sources militaires.

La coalition internationale, qui a salué le début de cette offensive, a indiqué avoir mené une quinzaine de raids contre des cibles jihadistes dans la région d'Al-Qaïm et celle de Boukamal, du côté syrien de la frontière, dans la province de Deir Ezzor.

Elle a par ailleurs reconnu la mort de 51 civils supplémentaires au cours de frappes en Irak et en Syrie, portant le total à "au moins" 786 civils tués en trois ans.

Selon le Norwegian Refugee Council, plus de 10.000 civils fuyant la région d'Al-Qaïm sont arrivés dans des camps de déplacés depuis début octobre.

L'Organisation internationale des Migrations a de son côté indiqué qu'environ 65.000 personnes avaient fui Al-Anbar en 2017.

- Artillerie lourde -

L'Irak s'est lancé dans cette nouvelle opération antijhadistes alors qu'une partie de ses troupes est actuellement mobilisée pour reprendre le contrôle de zones disputées avec la région autonome du Kurdistan, dans le nord du pays.

Des combats à l'artillerie lourde ont opposé jeudi combattants kurdes (peshmergas) et forces gouvernementales en direction du poste-frontière de Fichkhabour vers la Turquie, selon un correspondant de l'AFP.

Les peshmergas ont tiré des obus et utilisé des missiles antichars téléguidés, opposant une forte résistance à l'avancée des troupes venues de Zoummar, une zone pétrolière située au nord-ouest de Mossoul.

Bagdad entend sécuriser le tracé de l'oléoduc qui mène au port turc de Ceyhan en prenant notamment Fishkhabour, situé à la jonction entre la Syrie, l'Irak et la Turquie.

Le pouvoir central et la région autonome sont en crise ouverte depuis la tenue le 25 septembre d'un référendum d'indépendance kurde jugé illégal par Bagdad.

Alors qu'Erbil s'est dit prêt à "geler les résultats" de cette consultation où le "oui" l'a largement emporté, Bagdad a opposé une fin de non-recevoir et indiqué qu'il n'accepterait que son "annulation", une exigence également formulée par la Turquie.

Le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni à huis clos pour entendre un rapport de l'envoyé des Nations unies en Irak, Jan Kubis, a appelé le gouvernement irakien et les dirigeants du Kurdistan à fixer un calendrier de négociations pour mettre fin à cette crise.

Selon l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre, le Conseil a aussi demandé aux parties de s'abstenir d'utiliser la force.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.