Mercredi 19 novembre 2008 à 14h24
BAGDAD, 19 nov 2008 (AFP) — L'Irak et la Turquie, avec le soutien actif des Etats-Unis, ont franchi mercredi une étape supplémentaire dans leur collaboration contre les rebelles kurdes du PKK, avec la création d'un comité conjoint destiné à contrecarrer leurs activités.
Une rencontre tripartite de haut niveau a eu lieu dans la Zone verte à Bagdad, en présence du ministre turc de l'Intérieur Besir Atalay, du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et de l'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, Ryan Crocker.
Selon le porte-parole du gouvernement irakien Ali al-Dabbagh, "le gouvernement irakien, le gouvernement turc et les Etats-Unis ont décidé de former un comité pour travailler sur la menace que constitue le PKK pour la sécurité et la stabilité de la Turquie et de l'Irak".
"Ce comité va prendre les mesures nécessaires pour empêcher toute activité possible de cette organisation en territoire irakien ou dans la zone frontalière entre la Turquie et l'Irak", a-t-il ajouté.
A l'issue de cette réunion, M. Maliki a déclaré: "Tout ce qui nuit à la Turquie nous nuit à nous aussi. Le gouvernement irakien tient à faire progresser ses relations avec la Turquie. Cette visite marque une étape importante dans l'effort des deux pays contre l'organisation terroriste du PKK".
Pour sa part, le ministre turc de l'Intérieur a assuré que "la création de ce comité va favoriser la coopération entre nos deux pays" et que "la Turquie soutient les efforts de sécurité et de stabilité de l'Irak".
Côté irakien, ce comité sera dirigé par le ministre d'Etat pour la Sécurité nationale, Shirwan al-Waïli, et comprendra notamment le ministre de l'Intérieur de la région autonome du Kurdistan, Karim Sinjari.
Ankara dénonce régulièrement l'utilisation par les rebelles du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), actifs depuis 1984 dans le sud-est de la Turquie, de bases situées dans les montagnes du nord de l'Irak pour lancer leurs attaques en Turquie.
Quelque 44.000 personnes ont été tuées dans les affrontements entre rebelles kurdes et forces de sécurité turques depuis 1984.
La Turquie a souvent accusé Bagdad de tolérer, voire d'aider le PKK, considéré par les Etats-Unis, l'Union européenne et la Turquie comme une organisation terroriste.
Le gouvernement du Kurdistan irakien (nord), en particulier, est régulièrement soupçonné par Ankara de condamner publiquement mais de tolérer dans les faits les activités du PKK.
Selon les autorités de la province, qui jouit d'une très large autonomie au sein de l'Etat fédéral irakien surtout en matière de sécurité, les rebelles du PKK opèrent dans des régions si reculées, si inaccessibles, qu'ils sont hors d'atteinte de son armée ou de sa police.
Toutes les routes de montagne menant aux zones où le PKK est actif sont étroitement contrôlées par les forces kurdes d'Irak mais, selon les villageois des environs, de multiples pistes de contrebande existent dans la région, qui permettent tous les trafics.
Au début du mois, le Parlement turc a prolongé d'un an son mandat au gouvernement l'autorisant à mener des opérations militaires transfrontalières contre les bases irakiennes du PKK. La première opération de ce type de l'armée turque a eu lieu en octobre 2007.
L'armée turque mène régulièrement des raids, aériens ou terrestres, et bombarde les positions du PKK dans ces montagnes très escarpées.
Fin octobre, le chef des forces américaines en Irak, le général Raymond Odierno, s'était rendu en Turquie pour discuter avec les responsables militaires turcs des moyens de combattre le PKK.
Les Etats-Unis ont indiqué à plusieurs reprises fournir à la Turquie des renseignements militaires, notamment des relevés satellitaires très précis, sur les positions du PKK.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.