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L'Irak interdit l'atterrissage au Kurdistan de l'avion d'un ministre turc


Mardi 4 decembre 2012 à 16h37

BAGDAD, 4 déc 2012 (AFP) — L'Irak a interdit mardi l'atterrissage à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, de l'avion transportant le ministre turc de l'Energie, ont annoncé des responsables du gouvernement central et du Kurdistan autonome.

"Le vol n'a pas obtenu les autorisations légales nécessaires et par conséquent il a été décidé de lui interdire d'atterrir à l'aéroport d'Erbil", a déclaré à l'AFP Nasser Bandar, chef de l'Autorité de l'aviation civile irakienne.

Ces informations ont été confirmées par un responsable kurde qui a précisé sous le couvert de l'anonymat que le ministre turc Taner Yildiz venait à Erbil parachever la conclusion d'un accord énergétique avec les autorités du Kurdistan.

Même si la province du Kurdistan est autonome, le contrôle de tout l'espace aérien de l'Irak relève du gouvernement central à Bagdad selon M. Bandar.

A Ankara, une source turque a indiqué à l'AFP que l'administration irakienne n'avait pas autorisé l'avion du ministre turc à se poser à Erbil.

"L'avion de M. le ministre n'a pas obtenu l'autorisation nécessaire pour atterrir à Erbil. L'appareil a dû rebrousser chemin et a été dérouté sur Kayseri", dans le centre de la Turquie, a expliqué à l'AFP un conseiller du ministre turc.

M. Taner devait participer à Erbil à une conférence internationale sur le gaz et le pétrole et y rencontrer des responsables kurdes. Cité par la chaîne privée d'information turque NTV, il a évoqué une simple "erreur".

Selon l'agence de presse Anatolie, le gouvernement irakien a invoqué des "raisons techniques" pour justifier sa décision.

Cet incident intervient alors que les relations entre Bagdad et Ankara sont au plus bas en raison du refus de la Turquie d'extrader le vice-président irakien Tarek al-Hachémi (un sunnite), condamné à mort par contumace dans son pays.

Le gouvernement irakien a ainsi exclu début novembre la compagnie pétrolière turque TPAO d'un important contrat d'exploration dans le sud de l'Irak.

Bagdad a officiellement protesté en août contre une visite du ministre turc des Affaires étrangères, Ahmed Davutoglu, qui s'était rendu à Kirkouk, dans le nord de l'Irak, sans prévenir le pouvoir central irakien.

De fortes tensions opposent Bagdad et Erbil sur un certain nombre de dossiers, dont celui de l'exploitation des hydrocarbures. Le gouvernement irakien reproche ainsi au Kurdistan de signer des contrats avec des compagnies pétrolières étrangères en se passant de son accord.

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a mis en garde samedi contre le danger d'un "conflit ethnique" en Irak, après l'échec cette semaine des négociations destinées à apaiser les tensions entre les autorités de Bagdad et celles du Kurdistan autonome.

"Si un conflit éclate, ce serait malheureux et douloureux, et ce sera un conflit ethnique", qui n'est "pas dans l'intérêt des Kurdes, ni des Arabes, ni des Turkmènes", a déclaré M. Maliki lors d'une conférence de presse à Bagdad.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.