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L'Irak fustige une "agression" après les tirs de missiles iraniens


Mardi 16 janvier 2024 à 13h59

Bagdad, 16 jan 2024 (AFP) — L'Irak a condamné mardi une "agression" de sa souveraineté après des tirs iraniens de missiles sur la région autonome du Kurdistan, Téhéran défendant une opération "précise" contre un site présumé des renseignements israéliens, dans un contexte régional explosif.

Ces frappes, ayant tué "quatre civils" dans le nord de l'Irak selon des sources kurdes, interviennent sur fond de guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis le 7 octobre.

L'agence de presse officielle iranienne Irna a annoncé lundi soir que les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient mené une attaque dans la périphérie d'Erbil, capitale du Kurdistan.

Selon elle, des missiles ont détruit "un quartier général" d'où opéreraient les services de renseignement d'Israël, qui n'a pas réagi dans l'immédiat à ces accusations.

A Bagdad, le ministère des Affaires étrangères a condamné "une agression visant la souveraineté de l'Irak et la sécurité de son peuple".

Il a convoqué le chargé d'affaires iranien pour lui remettre une "missive de protestation" et rappelé son ambassadeur à Téhéran "pour consultations".

L'Irak est déjà aspiré par les tensions régionales provoquées par le conflit à Gaza et qui font craindre un embrasement entre les alliés des deux camps.

Bagdad, grand allié de Téhéran mais également partenaire des Etats-Unis, doit se livrer à un exercice d'équilibriste: des groupes armés pro-Iran enchaînent les attaques contre les soldats américains déployés en Irak et en Syrie.

- "Espions" israéliens -

Les frappes à Erbil ont tué au moins "quatre civils" et fait six blessés, selon les autorités locales. Parmi les morts figurent un magnat de l'immobilier, Peshraw Dizayee, son épouse et d'autres membres de sa famille, leur domicile ayant été directement touché.

Chargé de l'enquête sur les frappes, le conseiller irakien à la sécurité nationale, Qassem al-Aaraji, a dénoncé mardi des "allégations fausses" concernant "la présence d'un QG du Mossad (service de renseignement extérieur, ndlr) israélien" à Erbil.

"Nous avons inspecté le lieu, visité chaque recoin de la maison. Tout indique qu'il s'agit de la maison d'un homme d'affaires" a assuré M. Aaraji.

La diplomatie iranienne a elle défendu une "opération précise et ciblée", assurant avoir "identifié" et "visé" les quartiers généraux des "criminels (...) en utilisant des armes de précision".

Dans la nuit, les Gardiens de la Révolution avaient assuré avoir détruit un des principaux quartiers généraux "des espions du régime sioniste (Mossad)", selon Irna.

Cette attaque intervient en représailles à des opérations récentes, attribuées à Israël, ayant éliminé des commandants iraniens ou alliés --et les opérations des Gardiens de la Révolution "se poursuivront jusqu'à ce que soit vengée la dernière goutte du sang des martyrs", selon Irna.

Le 2 janvier au Liban, une frappe avait tué le numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri, et six autres responsables et cadres du mouvement. Quelques jours plus tard, Wissam Tawil, un haut responsable militaire du Hezbollah libanais, était tué.

Fin décembre, Téhéran avait aussi accusé Israël d'avoir éliminé en Syrie le général de brigade Razi Moussavi, un important commandant de la Force Qods, la branche des opérations étrangères et l'unité d'élite des Gardiens.

- "Opérations terroristes" -

Si l'Irak criminalise tout contact avec Israël, des politiciens et hommes d'affaires à Erbil ont par le passé été accusés d'entretenir des contacts informels avec ce pays. Mais la ligne officielle du Kurdistan dément tout rapport avec Israël.

Mardi à Erbil, plusieurs centaines de personnes brandissant des drapeaux de la région autonome se sont rassemblées pour manifester contre les tirs de missiles.

Par ailleurs, en Syrie, les Gardiens de la Révolution ont annoncé sur leur site Sepah News avoir identifié et détruit "les lieux de rassemblement des commandants et des principaux éléments liés aux récentes opérations terroristes, en particulier l'Etat islamique" (EI).

Ils ont expliqué que cette attaque avait été menée en "représailles aux récents crimes de groupes terroristes", notamment à Kerman (sud).

Le 3 janvier, un attentat suicide y avait été perpétré lors d'une cérémonie commémorative près de la tombe du général Qassem Soleimani, architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué en janvier 2020 par une frappe américaine en Irak.

L'attaque, revendiquée par l'EI, avait fait environ 90 morts et de nombreux blessés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.