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L'Irak fustige une "agression" après les tirs de missiles iraniens


Mardi 16 janvier 2024 à 10h42

Bagdad, 16 jan 2024 (AFP) — L'Irak a condamné mardi une "agression" de sa souveraineté après des tirs de missiles meurtriers menés par l'Iran sur la région autonome du Kurdistan, convoquant le chargé d'affaires iranien.

Ces frappes, ayant tué "quatre civils" dans le nord de l'Irak selon des sources kurdes, interviennent dans un contexte régional déjà tendu, sur fond de guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien depuis le 7 octobre qui fait craindre un embrasement régional entre les alliés des deux camps.

L'agence de presse officielle iranienne Irna a annoncé lundi soir tard que les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient mené une attaque dans la périphérie d'Erbil, capitale du Kurdistan.

Selon elle, des missiles ont détruit "un quartier général" d'où opérerait Israël. A également été ciblé "un rassemblement de groupes terroristes anti-iraniens".

A Bagdad, le ministère des Affaires étrangères a condamné "une agression visant la souveraineté de l'Irak et la sécurité de son peuple". Il a en outre convoqué le chargé d'affaires iranien à Bagdad pour lui remettre une "missive de protestation".

Le gouvernement a ordonné la formation d'une commission d'enquête pour prouver "la fausseté des allégations de ceux qui sont responsables de ces actes condamnables", selon la diplomatie irakienne.

L'Irak est déjà aspiré par les tensions régionales qui secouent le Moyen-Orient en répercussion au conflit à Gaza.

- "Espions" israéliens -

Le gouvernement de Bagdad, grand allié politique de Téhéran mais également partenaire des Etats-Unis, doit se livrer à un exercice d'équilibriste: des groupes armés pro-Iran enchaînent les attaques contre les soldats américains et les troupes de la coalition internationale antijihadistes déployés en Irak et en Syrie.

Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a dénoncé des frappes "imprécises", soulignant qu'"aucun personnel ni aucune installation américaine n'ont été visés".

La France a condamné des "violations inadmissibles" de la souveraineté de l'Irak.

Mardi matin, la diplomatie iranienne a elle défendu une "opération précise et ciblée", assurant avoir "identifié" et "visé" les quartiers généraux des "criminels (...) en utilisant des armes de précision".

Dans la nuit, les Gardiens de la Révolution ont assuré avoir détruit "le quartier général des espions du régime sioniste (Mossad)", selon Irna. Le site visé aurait été utilisé pour "développer des opérations d'espionnage et planifier des actions terroristes dans la région".

Si l'Irak criminalise tout contact avec Israël, des politiciens et hommes d'affaires à Erbil ont par le passé été accusés d'entretenir des contacts politiques informels ou liens économiques discrets avec ce pays. Mais la ligne officielle du Kurdistan dément tout rapport avec Israël.

Les frappes ont tué au moins "quatre civils" et fait six blessés, selon les autorités de la région autonome. Parmi les morts figurent un magnat de l'immobilier, Peshraw Dizayee, son épouse et d'autres membres de sa famille, leur domicile ayant été touché.

Selon Irna, cette attaque intervient en représailles aux attaques récentes, attribuées à Israël, ayant tué plusieurs commandants des Gardiens de la Révolution et de chefs de "l'axe de résistance", nom donné aux alliés de Téhéran dans sa lutte contre Israël.

- "Opérations terroristes" -

Le 2 janvier, dans la banlieue sud de Beyrouth, une frappe avait tué le numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri, et six autres responsables et cadres du mouvement.

Quelques jours plus tard, Wissam Tawil, un haut responsable militaire du Hezbollah libanais, était tué au Liban par une frappe.

Fin décembre, Téhéran avait aussi accusé Israël d'avoir assassiné en Syrie le général de brigade Razi Moussavi, un important commandant de la Force Qods, la branche des opérations étrangères et l'unité d'élite des Gardiens.

Par ailleurs les Gardiens de la Révolution ont annoncé sur leur site Sepah News avoir identifié et détruit en Syrie "les lieux de rassemblement des commandants et des principaux éléments liés aux récentes opérations terroristes, en particulier l'Etat islamique" (EI).

Ils ont expliqué que cette attaque avait été menée en "représailles aux récents crimes de groupes terroristes", notamment à Kerman (sud).

Le 3 janvier, un attentat suicide y avait été perpétré lors d'une cérémonie commémorative près de la tombe du général Qassem Soleimani, architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué en janvier 2020 par une frappe américaine en Irak.

L'attaque, revendiquée par l'EI, avait fait environ 90 morts et de nombreux blessés.

burx-tgg/vl

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.