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L'est de la Syrie, zone d'influence des pro-Iraniens, des Kurdes et des Américains


Vendredi 24 mars 2023 à 11h37

Beyrouth, 24 mars 2023 (AFP) — Les groupes pro-iraniens qui combattent aux côtés du régime de Damas, visés par des frappes américaines dans la nuit de jeudi à vendredi, sont fortement implantés dans l'est de la Syrie, frontalier de l'Irak.

Ils partagent le contrôle de cette zone riche en pétrole avec les combattants kurdes soutenus par Washington, qui y déploie de son côté des centaines de soldats.

Onze membres de groupes pro-iraniens ont été tués dans la nuit de jeudi à vendredi lors des frappes américaines intervenues en riposte à une attaque de drone "d'origine iranienne", selon Washington, qui a tué un Américain.

- Qui sont les groupes pro-iraniens? -

Les forces du régime syrien sont déployées sur la rive occidentale de l'Euphrate, mais les groupes pro-iraniens qui combattent aux côtés du président Bachar al-Assad depuis le début de la guerre en Syrie en 2011 s'y sont progressivement implantés.

Aujourd'hui, ces groupes comptent près de 15.000 combattants dans un secteur allant de la ville frontalière de Boukamal jusqu'à Deir Ezzor, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG disposant d'un vaste réseau de sources sur le terrain.

Ils tiennent la zone frontalière qui permet d'acheminer hommes, armes et biens depuis l'Irak.

Selon l'OSDH, des milliers de combattants et de conseillers militaires des Gardiens de la révolution iraniens, l'armée idéologique du régime de Téhéran, sont déployés en Syrie.

L'Iran assure ne pas avoir de combattants en Syrie mais uniquement des "conseillers" militaires qui soutiennent le régime de Damas à la demande de ce dernier.

Plusieurs factions irakiennes combattent également en Syrie, notamment les brigades du Hezbollah, plusieurs fois visées par des raids imputés à Washington ou à Israël.

Le Hezbollah libanais est aussi déployé dans cette région mais ces dernières années, ses effectifs ont été réduits après une forte baisse des combats.

Les brigades Al-Fatimiyoun et Al-Zeinabiyoun regroupant des combattants afghans et pakistanais chiites sont également présentes dans cette région. Fondées par les Gardiens de la Révolution, elles sont visées depuis 2019 par des sanctions américaines.

En outre, des milliers de Syriens ont rallié des milices locales alliées à Téhéran en contrepartie de salaires attrayants.

- Où sont les Américains et leurs alliés? -

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et soutenues par les États-Unis, sont déployées sur la rive orientale de l'Euphrate.

Elles ont pu prendre le contrôle de ces territoires, avec le soutien de la coalition antijihadiste emmenée par Washington, au prix de violents combats avec le groupe État islamique (EI). Ce dernier a été chassé en 2019 de son dernier bastion, Baghouz, à la frontière syro-irakienne.

La coalition internationale, dont le plus grand contingent est américain, maintient de son côté des bases sur le champ pétrolier d'Al-Omar, le plus grand de Syrie, appelé la "zone verte", ainsi que sur le champ gazier de Conoco.

Au total, quelque 900 soldats américains sont déployés en Syrie, notamment dans le nord et le nord-est, ainsi que sur la base d'Al-Tanf dans le sud, aux confins de la Syrie, de la Jordanie et de l'Irak.

- Cycles de représailles? -

La région de Deir Ezzor, où se trouvent les plus grands champs pétroliers de Syrie, est régulièrement visée par des raids américains ou israéliens contre les groupes pro-iraniens.

Ces frappes visent des entrepôts et des sites militaires ainsi que des camions transportant armes et munitions depuis l'Irak.

Fin janvier, trois frappes avaient notamment ciblé un convoi transportant des armes qui venait d'Irak, selon l'OSDH.

Si les forces américaines revendiquent les frappes qu'elles mènent, Israël confirme rarement sa responsabilité mais affirme régulièrement son intention d'empêcher l'Iran d'étendre son influence.

Les bases américaines et de la coalition sont également régulièrement ciblées par des attaques, rarement revendiquées. Jeudi, un drone "d'origine iranienne" a visé une installation de maintenance d'une base de la coalition près de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, a indiqué le Pentagone.

Un sous-traitant américain américain a été tué, et six Américains, cinq soldats et un autre sous-traitant, ont été blessés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.