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L'engagement de la Turquie dans le conflit syrien: les étapes-clés


Jeudi 10 octobre 2019 à 14h02

Paris, 10 oct 2019 (AFP) — Rappel des étapes de l'engagement dans le conflit syrien de la Turquie qui mène depuis mercredi une offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alliées des Occidentaux dans la lutte antijihadiste.

- Ankara lâche Assad -

En septembre 2011, six mois après le début de manifestations pacifiques contre le président syrien Bachar al-Assad réprimées dans le sang, Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre turc, lance: "Le peuple syrien ne croit pas Assad, moi non plus".

"Je crains que les choses ne tournent à la guerre civile entre alaouites et sunnites". La minorité alaouite détient les postes-clés du pouvoir en Syrie.

Se rangeant aux côtés des puissances occidentales, Ankara va s'engager dans une escalade verbale et diplomatique contre son voisin, avant de prendre des sanctions à son égard.

- Accueil de l'opposition -

En octobre 2011, après plusieurs réunions d'opposants syriens sur le sol turc, le Conseil national syrien, réunissant les courants politiques opposés au régime, est créé.

Un colonel syrien, réfugié en Turquie, avait fondé en juillet l'Armée syrienne libre (ASL), composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes pour combattre les forces du régime.

Fin 2012, la Turquie reconnaît la nouvelle coalition de l'opposition comme "seule représentante légitime du peuple syrien".

- Guerre contre le PKK et l'EI -

Fin 2014, malgré les critiques et les pressions, l'armée turque refuse de venir en aide aux combattants kurdes qui défendent la ville frontalière de Kobané face au groupe Etat islamique (EI).

Ankara craint l'méergence en Syrie d'une région autonome tenue par les milices kurdes proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une guérilla sur le sol turc.

En juillet 2015, la Turquie est rattrapée par le conflit, avec un attentat attribué à l'EI près de la frontière syrienne. M. Erdogan, devenu président en 2014, lance une "guerre contre le terrorisme" visant simultanément le PKK et l'EI.

En août, Ankara rejoint la coalition internationale contre l'EI, puis resserre ses contrôles dans les aéroports et à sa frontière.

- "Bouclier de l'Euphrate" -

Le 24 août 2016, la Turquie lance l'opération "Bouclier de l'Euphrate" dans le nord de la Syrie. Elle vise l'EI et les Unités de protection du peuple kurde (YPG), alliées de Washington dans la lutte antijihadiste et qu'Ankara considère comme une extension syrienne du PKK.

L'opération va permettre aux rebelles syriens appuyés par la Turquie de reprendre à l'EI plusieurs villes dont Jarablos et Al-Bab.

- "Rameau d'olivier" -

Le 20 janvier 2018, la Turquie lance une offensive terrestre et aérienne baptisée "Rameau d'olivier" contre les YPG dans la région d'Afrine. Le lendemain, des chars et des militaires turcs y pénètrent.

Le 18 mars, les forces turques et leurs supplétifs syriens prennent aux YPG l'ensemble d'Afrine.

Selon l'ONU, la moitié des 320.000 habitants de l'enclave ont fui lors de l'offensive marquée par des pillages.

- Accord avec Moscou sur Idleb -

Le 17 septembre, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan se mettent d'accord pour créer une "zone démilitarisée" sous contrôle russo-turc dans la province d'Idleb, afin d'éviter l'assaut voulu par le régime sur le dernier bastion insurgé en Syrie.

Mais l'accord visant à séparer les zones gouvernementales des territoires aux mains des jihadistes et des insurgés, n'a pas empêché une offensive après des mois de bombardements meurtriers du régime et de son allié russe.

- "Source de paix" -

Le 17 décembre 2018, M. Erdogan se dit déterminé à "se débarrasser" des milices kurdes si leur parrain américain ne les contraint pas à se retirer du nord syrien.

Deux jours plus tard, Donald Trump ordonne, à la surprise générale, le retrait des troupes américaines déployées en Syrie. Il précisera qu'environ 400 de ces militaires resteront finalement sur le terrain "pour un certain temps".

Le 13 janvier 2019, il appelle à la création d'une "zone de sécurité" dans le nord de la Syrie.

Le 7 août, la Turquie et les Etats-Unis décident d'établir un "centre d'opérations conjointes" pour coordonner la création de cette zone tampon entre la frontière turque et les zones contrôlées par les YPG.

Mais le 1er octobre, M. Erdogan affirme qu'Ankara arrive à bout de sa patience vis-à-vis des Etats-Unis.

Le 6, Washington annonce que la Turquie mènera "bientôt" une incursion militaire "prévue de longue date dans le nord de la Syrie" et que les troupes américaines quitteront la zone. Ce retrait débute le lendemain.

Le 9, la Turquie lance son offensive, nommée "Source de paix", contre les forces kurdes, suscitant une volée de critiques internationales.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.