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L'aviation turque bombarde le PKK en Irak, Öcalan appelle à une trêve


Vendredi 2 juillet 2010 à 15h33

ANKARA, 2 juil 2010 (AFP) — L'aviation turque a de nouveau pilonné les repaires du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak, tandis que le chef du mouvement, Abdullah Öcalan, a, de sa prison, appelé les rebelles et Ankara à une trêve, après plusieurs semaines de combats quotidiens.

L'état-major turc a fait état vendredi d'un raid de ses chasseurs dans la nuit contre des caches du PKK situées "sur la zone de Khakurk et de Qandil", dans la région autonome kurde du nord de l'Irak.

Le PKK possède des bases dans cette région, d'où il lance des attaques en territoire turc.

Un porte-parole du PKK en Irak, Ahmed Denis, a confirmé le raid qui, selon lui, n'a pas fait de victime.

Depuis le début du mois de juin, il ne se passe pas un jour sans que des accrochages ne soient signalés entre les rebelles et l'armée. Le PKK a aussi mis à exécution la semaine dernière sa menace de s'en prendre aux grandes villes, tuant six personnes dans un attentat à la bombe à Istanbul.

Une cinquantaine de personnes ont été tuées depuis début juin dans les violences liées à la rébellion du PKK.

Cinq membres des forces de sécurité et 12 rebelles ont été tués mercredi lors de combats dans le sud-est kurde du pays.

De sa prison turque où il purge depuis 1999 une peine de prison à vie, le chef du PKK, Abdullah Öcalan, a exhorté Ankara et son mouvement à réfléchir à une trêve, a rapporté vendredi l'agence pro-kurde Firat.

"Les deux parties peuvent avancer vers un processus de non-violence", a indiqué le leader kurde par le biais de ses avocats.

Si, dit-il, "une telle volonté se manifeste, (...) ils (les rebelles) pourraient y répondre".

Le leader kurde a aussi réclamé une nouvelle fois une reconnaissance explicite des droits des Kurdes dans la Constitution.

Depuis 2007, l'armée turque pilonne régulièrement les positions du PKK en Irak et y a mené une série d'incursions terrestres. Selon les estimations, environ 2.000 rebelles sont retranchés dans le nord de l'Irak.

La Turquie demande à Washington, son allié de l'Otan, qui lui fournit des renseignements sur les déplacements des rebelles en Irak, d'en faire davantage pour soutenir sa lutte contre le PKK.

Lors d'une récente rencontre au Canada, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a demandé au président américain Barack Obama de faire pression sur les dirigeants kurdes d'Irak afin de mettre le PKK hors d'état de nuire.

La recrudescence des violences a été précédée d'une période d'accalmie pendant laquelle le gouvernement islamo-conservateur turc a proposé une initiative en faveur des droits des kurdes (près de 15 millions de personnes, sur 73 millions de Turcs).

Mais l'initiative a fait long feu avec la fermeture par la justice du principal parti pro-kurde et des arrestations massives.

Les combats ont repris de plus belle et des voix s'élèvent désormais en Turquie appelant l'armée à envahir le nord de l'Irak, faisant valoir que les Américains n'ont pas mis fin aux activités du PKK, qu'ils considèrent pourtant comme un mouvement terroriste.

"A l'instar des Américains en Afghanistan (...), la Turquie doit immédiatement envahir l'Irak", a souligné l'analyste Sedat Laçiner dans le journal Hürriyet Daily News.

Ce spécialiste en terrorisme a fait remarquer que depuis l'occupation américaine de l'Irak, en 2003, "pas un seul terroriste du PKK n'a été tué ou capturé par nos amis Américains".

Le PKK a pris les armes en 1984 pour obtenir l'indépendance du sud-est anatolien. Il revendique aujourd'hui l'autonomie de la région. Le conflit a fait 45.000 morts, selon des chiffres officiels.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.