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L'armée turque tente de prendre le contrôle d'un camp du PKK en Irak


Mardi 26 février 2008 à 11h35

AMADIYAH (Irak), 26 fév 2008 (AFP) — Les troupes turques étaient engagées mardi dans de violents combats avec les rebelles kurdes alors qu'elles tentaient de prendre le contrôle d'un de leurs camps dans le nord de l'Irak.

Des membres des forces armées kurdes de la région autonome du nord de l'Irak ont déclaré que des combats intenses se poursuivaient sans interruption depuis dimanche soir autour du camp de Zap, que les troupes turques soutenues par des tirs d'artillerie et une couverture aérienne s'efforçaient de conquérir.

Le camp, situé dans une profonde vallée à six kilomètres de la frontière turque, est un des principaux points de passage utilisés par les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour s'infiltrer en Turquie et y mener des actions.

Les affrontements se poursuivaient aussi depuis lundi soir dans la région montagneuse de Hakurk, plus à l'est, où l'armée turque a déposé des troupes par hélicoptère tandis que des hélicoptères d'attaque bombardaient des positions du PKK, selon ces sources.

L'attaque avait été précédée lundi par des bombardements du camp de Hakurk, un des principaux bastions du PKK, proche de la frontière iranienne et à une vingtaine de kilomètres de la frontière turque.

L'armée turque a lancé jeudi soir une vaste opération terrestre dans le nord de l'Irak pour en déloger les rebelles du PKK qui y sont retranchés et utilisent la région comme une base arrière pour leurs actions en Turquie.

Au moins 153 rebelles kurdes et 17 soldats turcs ont été tués jusque là, selon l'armée turque.

Le dernier bilan fourni par le PKK faisait état d'au moins 81 soldats et de trois rebelles tués.

"Les terroristes en tentant de fuir la région sous le contrôle de nos troupes ont été pris sous des tirs à courte portée et ont subi de lourdes pertes" dans la nuit de dimanche à lundi, a affirmé l'état-major turc dans un communiqué diffusé lundi sur son site internet.

L'aviation a frappé une trentaine d'objectifs dans le nord de l'Irak sur la ligne de progression des troupes turques et les hélicoptères ont effectué des raids toute la journée, a-t-il ajouté.

A Ankara, le président Abdullah Gül, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et le général commandant l'état-major Yasar Büyükanit ont assisté lundi aux côtés de milliers de personnes aux obsèques de trois officiers tués dans l'opération, ponctuées d'imprécations contre le PKK.

A Diyarbakir, la principale ville du sud-est de la Turquie, peuplée en majorité de Kurdes, plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour réclamer la fin de l'opération, scandant des slogans hostiles au gouvernement et favorables aux rebelles.

La Turquie a assuré que l'offensive avait pour seul objectif le PKK et que ses troupes regagneraient le territoire turc aussitôt leur mission achevée.

Bagdad et Washington ont enjoint Ankara de faire preuve de modération et de rapatrier les troupes au plus tôt.

"Nous espérons que ceci sera simplement une incursion à court terme", a dit lundi la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino.

Le secrétaire d'Etat américain à la Défense Robert Gates doit quitter mercredi l'Inde où il participe à des entretiens pour se rendre à Ankara.

Les Etats-Unis fournissent depuis plusieurs mois des renseignements en temps réel sur les déplacements des rebelles dans le nord de l'Irak.

Ankara estime à environ 4.000 le nombre de rebelles retranchés dans le nord de l'Irak. Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 37.000 morts depuis le début en 1984 de l'insurrection du PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.