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L'armée turque poursuit son opération contre le PKK dans le nord de l'Irak


Samedi 23 février 2008 à 18h43

CIZRE (Turquie), 23 fév 2008 (AFP) — Les troupes turques poursuivaient samedi leur offensive contre les rebelles kurdes retranchés dans le nord de l'Irak, une opération qui a déjà fait plus de 80 morts selon l'armée, les rebelles menaçant d'attaquer en représailles des villes turques.

Le chef de la diplomatie Ali Babacan a qualifié de "succès" l'incursion lancée jeudi soir et a donné des assurances sur la nature et la portée de l'opération.

"Une opération couronnée de succès est en cours", a-t-il déclaré. "La seule cible est l'organisation terroriste PKK. La Turquie est le plus fervent soutien de l'intégrité territoriale et de l'unité politique de l'Irak".

Selon l'état-major de l'armée turque, au moins 35 rebelles kurdes ont été tués samedi, portant à 79 le nombre total de militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) tués depuis jeudi soir. Deux soldats turcs ont également été tués, ce qui porte à sept le nombre de militaires tués depuis le début de l'opération.

Selon l'armée, l'aviation et l'artillerie turques ont détruit "des installations refuges des terroristes (...) en différents endroits, ainsi qu'une grande quantité de munitions et d'explosifs qui étaient entreposés à l'intérieur". Des positions anti-aériennes des rebelles ont notamment été détruites, a affirmé l'armée.

Les affrontements se sont poursuivis samedi après-midi.

L'armée a bombardé samedi des objectifs près de Al-Amadiyah, une localité irakienne située dans une région montagneuse à une dizaine de kilomètres de la frontière, près de Bamerni, où la Turquie maintient une petite base militaire depuis les années 1990, ont affirmé des sources locales.

"Le bombardement a commencé à environ 06H00 locales (04H00 GMT) et a duré deux heures", a indiqué un garde-frontière à l'AFP.

Les monts Kandil, où est installé le centre du commandement du PKK, près de la frontière iranienne, ont également été bombardés et plusieurs rebelles ont été tués, a affirmé l'agence semi-officielle Anatolie, sans citer ses sources.

Selon l'agence Firat News, considérée comme le porte-parole du PKK, des combats avaient lieu dans la région de Zap, où l'armée turque envoyait des renforts.

A Cizre, une petite ville turque proche de l'Irak, des soldats patrouillaient dans les collines proches de la frontières et des dizaines de blindés étaient stationnés sur les routes.

Dans la nuit de vendredi à samedi, des habitants des secteurs de Hakurk et Sidekan, des localités irakiennes proches de la ville turque de Cukurca, ont affirmé à l'AFP avoir entendu des échanges soutenus de tirs d'armes automatiques, ainsi que le passage d'avions de chasse et d'hélicoptères.

Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara, les Etats-Unis et l'Union européenne, a sommé la Turquie de mettre fin à l'offensive.

"Si la Turquie poursuit ses attaques, nous mènerons des opérations de guérilla dans les villes turques, sans viser les populations civiles", a affirmé à l'AFP un porte-parole du PKK, Ahmad Danis.

Un représentant du PKK cité par Firat News a fait état de 22 soldats et de deux rebelles tués dans l'opération.

Ankara estime à 4.000 le nombre de rebelles du PKK retranchés en Irak. Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 37.000 morts depuis 1984.

A la suite de protestations de Bagdad, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a assuré vendredi que "la cible, l'objectif, la taille et les paramètres de cette opération sont limités" et que les troupes turques regagneraient la Turquie "le plus rapidement possible".

Le Parlement turc a autorisé en octobre le gouvernement à envoyer des troupes combattre le PKK dans le nord de l'Irak. L'armée a déjà mené, avec l'aide des services de renseignements américains, plusieurs raids aériens et une opération terrestre d'ampleur limitée dans la région depuis le 16 décembre.

Un soldat a été tué samedi en Turquie par l'explosion d'une mine posée par le PKK dans la province de Bingöl (sud-est), loin de la frontière irakienne, a rapporté Anatolie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.