Jeudi 31 mai 2007 à 13h41
ISTANBUL, 31 mai 2007 (AFP) — Le chef de l'état-major turc, le général Yasar Büyükanit, a laissé entendre jeudi qu'en cas d'opération transfrontalière contre les rebelles kurdes turcs passés en Irak, ses forces pourraient s'en prendre également aux Kurdes d'Irak du Nord.
Interrogé par des journalistes à la sortie d'une conférence sur la possibilité d'une telle opération pour déloger les militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) de ses camps en Irak du Nord, le général Büyükanit a rappelé que l'armée était favorable à une telle incursion, mais qu'il incombait au gouvernement de prendre la décision.
"Les autorités politiques détermineront si, une fois entrés (en Irak), l'action sera menée seulement contre le PKK ou s'il se passera aussi quelque chose avec Barzani", a-t-il déclaré, faisant référence au chef du gouvernement de la région autonome kurde d'Irak, Massoud Barzani.
M. Barzani a affirmé à plusieurs reprises son opposition à une intervention armée transfrontalière, alors que les appels à une telle opération se multiplient en Turquie depuis un attentat sanglant imputé au PKK, qui a fait six morts et 121 blessés la semaine dernière à Ankara.
"Je l'ai déjà dit le 12 avril à la Turquie et au monde, nous avons besoin de ça", a déclaré le général Büyükanit au sujet d'une intervention en Irak.
"En tant que militaires nous sommes prêts, mais tout militaire a besoin d'une directive", a-t-il dit, avant d'ajouter dans une attaque apparente contre le gouvernement: "Je ne peux quand même pas faire de demande écrite, qu'attendent-ils de moi?"
Mercredi dernier, au lendemain de l'attentat, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait affirmé que son gouvernement soutiendrait l'armée si celle-ci cherchait à intervenir contre les séparatistes du PKK au Kurdistan irakien.
Le chef de la diplomatie Abdullah Gül a cependant précisé deux jours plus tard que la Turquie n'avait pas l'intention d'agir dans l'immédiat contre leurs bases en Irak.
La Turquie estime que des milliers de rebelles du PKK utilisent le nord de l'Irak comme base arrière pour leurs opérations dans le Sud-Est anatolien où la population est en majorité kurde.
L'armée a lancé des opérations dans plusieurs provinces pour traquer des membres du PKK à un moment où le dégel printanier favorise leur infiltration en Turquie à partir de leurs bases dans le nord de l'Irak. Les combats entre le PKK et l'armée turcs se sont intensifiés depuis quelques semaines.
Quatre rebelles ont été abattus jeudi dans l'est et le sud-est turc.
Un forte activité militaire est observée ces dernières semaines à la frontière irakienne, mobilisation assez habituelle en cette période de l'année, mais qui coïncide avec le débat autour d'une opération transfrontalière, selon les médias.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.