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L'armée turque appelle les Kurdes d'Irak à ne pas cacher de rebelles du PKK


Dimanche 24 février 2008 à 17h01

CIZRE (Turquie), 24 fév 2008 (AFP) — L'armée turque a appelé dimanche les Kurdes d'Irak à ne pas protéger ni offrir de refuge aux rebelles kurdes fuyant l'opération qu'elle mène depuis jeudi soir dans le nord de l'Irak, où les combats s'intensifient.

Les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) "essaient de fuir vers le Sud dans la panique", a affirmé l'état-major de l'armée turque dans un communiqué.

"Il est attendu des groupes locaux irakiens qu'ils empêchent les membres de l'organisation terroriste du PKK - le principal ennemi de la paix et de la stabilité régionales - d'entrer dans leur région et de s'y voir offrir une protection", ajoute le communiqué.

L'éventualité d'une confrontation entre Turcs et Kurdes irakiens, tous deux alliés des Etats-Unis, est une source d'inquiétude pour Washington qui souhaite préserver le calme relatif régnant dans le nord de l'Irak.

L'appel de l'état-major turc survient alors que les combats se sont intensifiés dimanche dans les montagnes du Nord de l'Irak entre les troupes turques et les rebelles kurdes du PKK qui s'y sont retranchés.

Ils ont fait 33 morts du côté du PKK et huit du côté de l'armée, selon l'état-major turc, ce qui porte le bilan des pertes depuis le début de l'offensive à 112 pour les rebelles et à 15 pour les troupes turques.

Les rebelles tués dans les bombardements ne figurent pas dans le décompte, a précisé l'état-major, qui indique qu'un de ses hélicoptères a été "détruit dans une zone proche de la frontière pour une raison inconnue".

Le PKK avait auparavant annoncé avoir abattu un hélicoptère turc samedi, près de la ville irakienne d'Amadiyah.

Il a pour sa part fourni un bilan de 47 soldats et trois rebelles tués, selon l'agence de presse Firat News, considérée comme le porte-voix des rebelles.

Des membres des "peshmerga", les forces armées kurdes du nord de l'Irak, ont déclaré avoir entendu des explosions et des tirs dans la région d'Hakurk, un bastion du PKK à une vingtaine de kilomètres de la frontière turque, et avoir vu des hélicoptères déposer des troupes dans cette zone.

Un correspondant de l'AFP a vu passer plus d'une dizaine d'avions de chasse se dirigeant dans cette direction.

L'artillerie turque a pilonné pendant une heure plusieurs objectifs en territoire irakien depuis la localité turque de Cukurca, selon les peshmerga.

Firat News a fait état de raids aériens et de combats dans la zone de Zap.

Le chef de l'aile militaire du PKK, Bahoz Erdal, a appelé les jeunes Kurdes de Turquie à mener des actions violentes dans les villes en représailles à l'offensive.

"S'ils (l'Etat turc) veulent nous détruire, nos jeunes doivent rendre la vie dans les grandes métropoles insupportable (...). Les jeunes Kurdes doivent se réunir par groupes de deux pour brûler chaque soir des centaines de voitures", a-t-il déclaré.

Erdal a également accusé les Etats-Unis de jouer un rôle actif dans l'offensive turque.

Les Etats-Unis, qui considèrent à l'instar de nombreux pays le PKK comme un groupe terroriste, fournissent à la Turquie depuis plusieurs mois des renseignements en temps réel sur les mouvements des rebelles en Irak.

Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, qui doit se rendre à Ankara la semaine prochaine, a appelé la Turquie à trouver des réponses autres que militaires pour résoudre le problème kurde.

"Les mesures économiques et politiques sont réellement importantes car, passé un certain seuil, les gens deviennent insensibles aux attaques militaires. Si l'on ne met pas en place ce genre d'initiatives non militaires, les efforts de l'armée deviennent de moins en moins efficaces", a-t-il estimé.

Le porte-parole du gouvernement irakien Ali Dabbagh a estimé que l'offensive ne portait pas pour l'heure atteinte à la souveraineté de l'Irak.

"Nous ne pensons pas que ces opérations représentent une atteinte la souveraineté de l'Irak", a-t-il affirmé. "Mais nous avons fait savoir à la Turquie que cette opération ne devait pas déstabiliser l'Irak et la région".

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a assuré dimanche que le seul objectif de l'opération était le PKK.

"Il s'agit d'une opération de nettoyage contre les camps des terroristes, rien de plus", a-t-il déclaré au cours d'un meeting.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.