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L'armée turque accuse les Kurdes irakiens de soutenir les rebelles du PKK


Samedi 17 février 2007 à 16h50

ANKARA, 17 fév 2007 (AFP) — Le chef de l'Armée turque a accusé les deux principaux mouvements kurdes du nord de l'Irak de soutenir le groupe séparatiste du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et de lui fournir des explosifs, soulevant des objections à l'ouverture par Ankara de tout dialogue avec eux, a rapporté samedi l'agence turque Anatolie.

Ces propos n'ont toutefois pas été corroborés par le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gul, laissant supposer de possibles divergences de vue entre le gouvernement et l'armée sur la manière de lutter contre le PKK.

"Ces deux factions soutiennent le PKK. Elles sont le principal soutien du PKK en ce moment. (...) Ils (les rebelles du PKK) reçoivent aussi des explosifs de ces factions", a déclaré, selon Anatolie, le général Yasar Buyukanit, qui parlait à la presse à Washington après des discussions avec des officiels américains.

Les accusations du général Buyukanit visaient le PDKI (Parti Démocratique du Kurdistan) et l'Union Patriotique du Kurdistan (UPK), qui dirigent une administration autonome dans le nord de l'Irak à majorité kurde.

Le général Buyukanit a fait part de son scepticisme au sujet des déclarations cette semaine du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, se disant disposé à améliorer les relations avec les partis kurdes irakiens "si cela doit contribuer à l'intauration de la paix dans la région".

"Je ne peux pas interférer si des contacts politiques doivent avoir lieu. Mais de quoi dois-je discuter avec ceux qui soutiennent le PKK ?", a-t-il fait remarquer.

M. Gul a rétorqué samedi que le gouvernement rechercherait le dialogue avec tous les groupes irakiens afin de s'assurer que les problèmes sont résolus par des moyens politiques.

"Les soldats parlent avec des armes (...) mais avant que l'on en arrive là, les hommes politiques et les diplomates ont du travail à accomplir", a-t-il déclaré à la presse avant de prendre un avion pour l'Arabie saoudite.

"Cette question ne devrait pas se transformer en polémique", a ajouté le chef de la diplomatie turque, soulignant que les points de vue du gouvernement et des militaires faisaient partie des mêmes efforts pour résoudre le problème.

Ankara affirme que les militants du PKK utilisent le nord de l'Irak comme terrain d'entraînement, disposent d'une liberté de mouvement illimitée dans cette région et sont en mesure d'obtenir des armes et des explosifs pour des attaques au-delà de la frontière entre l'Irak et la Turquie, en territoire turc.

La Turquie a menacé d'engager une opération en territoire irakien pour écraser le PKK si les Etats-Unis et l'Irak ne prenaient pas des mesures pour contrôler ce groupe.

Washington a mis en garde Ankara contre une telle attaque de crainte qu'elle ne déstabilise une des régions les plus calmes d'Irak et ne fasse monter la tension entre la Turquie et les Kurdes irakiens, alliés des Américains.

Selon le chef de l'armée turque, quelque 3.500 membres du PKK seraient actuellement stationnés en Irak et 1.500 en Turquie.

Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara et Washington, lutte depuis 1984 pour l'indépendance du Sud-Est anatolien à la population majoritairement kurde. Le conflit a fait quelque 37.000 morts.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.