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L'Iran dit avoir exécuté un "espion" lié à Israël, des ONG dénoncent un procès "arbitraire"


Mercredi 30 avril 2025 à 15h46

Paris, 30 avr 2025 (AFP) — Des ONG et défenseurs des droits ont dénoncé mercredi une "exécution extrajudiciaire" suivant un procès "arbitraire", après que l'Iran a annoncé l'exécution d'un homme accusé d'espionnage pour le compte d'Israël et d'implication dans le meurtre d'un officier iranien.

Mohsen Langarneshin, âgé d'une trentaine d'années, a été pendu à l'aube dans la prison de Ghezelhesar à Karaj, près de Téhéran, selon ces ONG.

De son côté, l'agence de presse du pouvoir judiciaire Mizan a indiqué qu'un "espion de haut rang et soutien opérationnel de plusieurs missions du Mossad (service de renseignement extérieur israélien, NDLR) en Iran, Mohsen Langarneshin, a été pendu ce matin". L'agence n'a précisé ni la date de son arrestation, ni celle de son procès.

Les parents du supplicié ont veillé toute la nuit à l'extérieur de la prison, exhortant les autorités à épargner leur fils, selon des images partagées sur les réseaux sociaux.

"Priez pour mon enfant, je ne sais pas s'il verra le soleil se lever demain", implore la mère dans une vidéo postée sur X. "Nous avons des preuves de son innocence, mais ils les refusent. C'était un procès injuste! Pourquoi voulez vous exécuter mon enfant?", dit-elle, en pleurs devant la prison.

Selon la justice iranienne, Mohsen Langarneshin était impliqué dans "l'assassinat" de Sayyad Khodaï, un colonel des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, tué par balles par deux motards le 22 mai 2022, alors qu'il rentrait chez lui dans l'est de la capitale Téhéran.

Quelques jours plus tard, le quotidien américain The New York Times avait écrit qu'Israël avait affirmé aux Etats-Unis être responsable du meurtre de l'officier.

La justice iranienne accusait Mohsen Langarneshin d'avoir "acheté une moto pour surveiller" Sayyad Khodaï.

- "Machine de mort" -

L'Iran a annoncé à plusieurs reprises l'arrestation d'agents travaillant pour les services de renseignement de pays étrangers, notamment de son ennemi juré Israël.

En janvier 2024, quatre membres de la minorité kurde avaient été pendus, condamnés pour espionnage au profit d'Israël et accusés d'avoir préparé une opération contre un centre du ministère de la Défense.

En décembre 2023, la justice iranienne avait exécuté un homme dans le sud-est du pays reconnu coupable d'avoir coopéré avec le Mossad.

Un an plus tôt quatre hommes avaient été pendus après leur condamnation à mort pour "coopération" avec Israël.

Un Suédo-Iranien, Ahmadreza Djalali, condamné à la peine capitale en 2017 pour espionnage, est lui sous la menace d'une exécution.

Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de Iran Human Rights (IHR), organisation basée en Norvège, a dénoncé dans le cas de Mohsen Langarneshin une exécution à l'issue d'"un procès arbitraire basé sur des confessions obtenues sous la torture".

"La machine de mort des autorités iraniennes s'accélère chaque jour", a-t-il dit à l'AFP, dénonçant des "exécutions extrajudiciaires".

Selon le Abdorrahman Boroumand Center, basé aux Etats-Unis, Mohsen Langarneshin a été jugé par un tribunal révolutionnaire présidé par le juge Abolghasem Salavati, sous sanctions occidentales, et connu pour multiplier les condamnations à mort.

Il "avait démenti toutes les accusations et déclaré que ses aveux avaient été extorqués sous la torture", selon le centre.

"La République islamique sanguinaire a encore exécuté un innocent", a posté sur X l'actrice britannique d'origine iranienne Nazanin Boniadi.

Le nombre d'exécutions capitales augmente de façon vertigineuse en Iran. Selon IHR, au moins 335 personnes ont été pendues depuis le début de l'année.

L'exécution de Mohsen Langarneshin intervient alors que les Etats-Unis de Donald Trump sont de nouveau engagés dans des négociations avec Téhéran sur le programme nucléaire iranien. Un quatrième cycle de discussions sous médiation omanaise est prévu samedi à Rome.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.