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Kurdistan irakien: les Turcs bienvenus malgré l'offensive anti-PKK


Lundi 24 octobre 2011 à 16h19

erbil (Irak), 24 oct 2011 (AFP) — Les affaires demeurent florissantes dans le nord de l'Irak entre Turquie et Kurdistan irakien en dépit de l'offensive menée depuis plusieurs jours par Ankara contre les rebelles kurdes du PKK dans cette région.

L'armée turque a lancé la semaine dernière une opération "d'envergure" des deux côtés de la frontière turco-irakienne après la mort de 24 soldats mardi dans des attaques du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le nombre des soldats impliqués dans l'ensemble de l'offensive est évalué à 10.000.

Mais cela n'empêche nullement les affaires de continuer: "Les actuelles relations économiques entre la région du Kurdistan (irakien) et la Turquie sont très bonnes", affirme Fathi Mohammed al-Moudaris, conseiller au ministère du Commerce et de l'Industrie de la région autonome du Kurdistan irakien.

Mieux, elles se développent à grande vitesse et les deux entités envisagent même l'établissement d'une "zone industrielle et commerciale à la frontière", souligne-t-il.

Il ne croit nullement que la question du PKK puisse gêner ces échanges: "Non, ces problèmes politiques n'affecteront ni le commerce, ni l'activité économique entre la Turquie et la région" kurde d'Irak (KRG).

"Ceci n'est pas le problème du gouvernement régional kurde. (Notre) politique est de renforcer nos relations avec les pays voisins", explique-t-il.

Selon lui, 55% des entreprises étrangères opérant dans la région sont turques, et plus "de 800 compagnies turques sont déjà enregistrées auprès de notre ministère", a-t-il dit.

Les flux commerciaux entre Turquie et KRG ont atteint au moins 4 milliards de dollars en 2010, sans compter le pétrole et le gaz, qui sont gérés par le gouvernement irakien. "La Turquie est la principale source d'importations au Kurdistan irakien", souligne-t-il.

A Erbil, capitale de la région, les noms turcs et panneaux rédigés en turc sont omniprésents dans les magasins, banques et restaurants.

"L'Irak en général est l'un de nos trois principaux partenaires en termes de relations économiques. Et cette région est évidemment une priorité", souligne Aydin Selcen, le consul général turc à Erbil.

"Pour 2010, notre volume d'exportation total vers l'Irak est de 7,5 milliards de dollars. Nous estimons que 70% vont vers la région kurde irakienne", indique-t-il.

La Turquie compte selon lui 935 entreprises en KRG, dont beaucoup sont actives dans le secteur du pétrole et de la construction. Elle lui fournit aussi beaucoup de biens de consommation courante.

Lui non plus ne croit pas que la question du PKK puisse nuire aux liens existants, rappelant que ce conflit est vieux de près de 30 ans.

"Je pense que la relation entre le KRG et d'autres pays du Moyen-Orient, surtout la Turquie (...) s'améliore constamment", juge le Dr Mohammed Salman Barwary, qui enseigne l'économie à l'université Salaheddine à Erbil.

Mais cette relation est "déséquilibrée", déplore-t-il. "Nous importons de Turquie, mais nous n'exportons pas vers la Turquie (...) nous importons tout de la Turquie et d'autres pays de la région".

Quant au conflit Turquie-PKK, il ne devrait pas affecter le commerce, estime-t-il. "Je ne pense pas que les hommes d'affaires et les politiques kurdes (...) vont réduire leurs rapports" avec la Turquie, dit-il.

"Cela ne se joue pas entre notre régime et celui de la Turquie: je pense qu'il s'agit d'une question interne à la Turquie. Oui, le PKK est kurde, mais je crois que ce n'est pas notre problème. C'est un problème turc", juge-t-il.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.