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Kurdistan irakien: l'opposition politique dénonce un "coup d'Etat"


Lundi 12 octobre 2015 à 17h59

Souleimaniyeh (Irak), 12 oct 2015 (AFP) — L'opposition politique dans le Kurdistan irakien a dénoncé lundi comme un "coup d'Etat" l'interdiction faite à plusieurs responsables politiques kurdes d'opposition d'exercer leurs fonctions, alors que cette région autonome traverse une crise institutionnelle.

Le président du Parlement régional Youssouf Mohammed et cinq autres parlementaires du parti d'opposition Gorran ont été empêchés de se rendre dans la capitale Erbil par des forces de sécurité loyales au Parti démocratique du Kurdistan (PDK) du président Massoud Barzani.

Dimanche, Gorran avait annoncé que ses principaux dirigeants avaient été sommés par le PDK de ne plus venir exercer leurs fonctions à Erbil.

"C'est une évolution dangereuse pour le processus politique au Kurdistan", a jugé M. Mohammed dans la ville de Souleimaniyeh, bastion traditionnel de l'opposition au PDK située dans le sud du Kurdistan.

"C'est comme un coup d'Etat contre le droit et la démocratie", a indiqué à l'AFP Hoshyar Abdallah, membre Gorran du Parlement de Bagdad, qui accuse Massoud Barzani, dont le mandat a expiré en août, de s'accrocher au pouvoir. "Il est la cause de cette crise", a-t-il ajouté.

Depuis août, M. Barzani a été maintenu en fonction mais des partis kurdes sont opposés à sa reconduction car il a déjà effectué deux mandats (2005-2013), qui ont déjà été prolongés une fois (2013-2015).

Cette crise institutionnelle intervient dans un contexte de protestations contre Barzani et son parti, principalement dans le sud de la région autonome. Au moins quatre personnes y ont été tuées ce week-end lors de manifestations et des bureaux du PDK y ont été brûlés.

Le clan Barzani, dont l'essentiel du soutien provient des deux autres provinces de la région, celles d'Erbil et de Dohouk, a accusé en retour le parti Gorran de fomenter la contestation.

Ces manifestations devenues violentes avaient commencé comme un mouvement de grève des fonctionnaires de la province de Souleimaniyeh protestant contre le non paiement des salaires depuis trois mois.

Outre ses problèmes politiques, le Kurdistan irakien -riche en pétrole- fait en effet face à d'importantes difficultés budgétaires liées au coût de la lutte militaire contre l'insurrection jihadiste du groupe Etat islamique (EI) et du prix toujours bas de l'or noir.

Pour Yerevan Saeed, analyste spécialisé sur les affaires kurdes et basé à Washington, "le risque d'un conflit interne au Kurdistan est bien là". "Il semble que les partis kurdes n'aient rien appris du passé", a-t-il ajouté en référence à la guerre civile des années 90.

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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.