Mercredi 4 novembre 2020 à 16h09
Erbil (Irak), 4 nov 2020 (AFP) — Des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l'opposition kurde de Turquie, ont tué mercredi un membre des forces de sécurité du Kurdistan irakien, ont indiqué des responsables, provoquant une nouvelle escalade entre les deux forces kurdes rivales.
"Des peshmergas (combattants des forces du Kurdistan irakien, NDLR) ont essayé d'empêcher un mouvement de combattants du PKK dans la province de Dohouk (nord) et ont essuyé une attaque en retour", a expliqué à l'AFP un responsable kurde sous le couvert de l'anonymat.
Un peshmerga a été tué et deux autres blessés, ont précisé des sources policières locales.
Aussitôt, Erbil, qui avait déjà pointé du doigt le PKK pour une explosion ayant visé la semaine dernière l'oléoduc reliant la région autonome au port turc de Ceyhan, a condamné l'attaque.
"Toute attaque contre les peshmergas est une attaque contre l'ensemble du Kurdistan", indique un communiqué du gouvernement du Kurdistan irakien.
"Le gouvernement empêchera tout trouble à la situation sécuritaire du Kurdistan", poursuit le texte.
Le leader historique kurde Massoud Barzani avait récemment accusé les combattants du PKK d'avoir profité du fait que les peshmergas du Kurdistan irakien aient combattu le groupe Etat islamique (EI) de 2014 à 2017 pour "s'accaparer des régions et s'imposer à la place du gouvernement régional".
Le PKK, qui refuse de reconnaître le gouvernement kurde irakien et milite pour un Kurdistan unifié à cheval sur la Syrie, la Turquie, l'Irak et l'Iran, est autant l'ennemi d'Ankara que d'Erbil.
Pour Ankara, c'est une organisation "terroriste", comme pour les Etats-Unis et l'Union européenne, qui a déjà coûté très cher en vies humaines et en argent depuis 1984.
Quant à Erbil, le PKK lui impose la présence de ses combattants armés et entraînés quasiment depuis l'autonomie décrétée en 1991.
Le PKK, qui se présente en héraut de la cause kurde au Moyen-Orient, est de fait un rival pour le Kurdistan irakien, seule entité kurde à avoir obtenu l'autonomie pour ses cinq millions d'habitants.
Ankara mène depuis juin une campagne terrestre et aérienne contre le PKK en territoire kurde irakien.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.