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Kurdistan d'Irak: nouvelle peine de prison pour un journaliste déjà détenu


Mardi 19 août 2025 à 16h46

Bagdad, 19 août 2025 (AFP) —

La justice du Kurdistan autonome d'Irak a condamné mardi un journaliste spécialisé dans les affaires de corruption à quatre ans et cinq mois de prison dans une nouvelle affaire, peu avant sa libération attendue après cinq années de détention, a indiqué son avocat à l'AFP.

Au tribunal d'Erbil, capitale du Kurdistan irakien, des échauffourées ont opposé les forces de l'ordre à des proches et soutiens du journaliste Sherwan Sherwani, selon des témoins.

Détenu depuis 2020, l'ex-rédacteur en chef du mensuel Bashur --connu pour ses enquêtes sur la corruption dans la région kurde-- devait être libéré en septembre, selon son avocat Mohamed Abdallah.

Mardi, dans une nouvelle affaire, il a écopé de "quatre ans et cinq mois de prison après avoir été accusé d'avoir menacé un officier du personnel pénitentiaire", a précisé Me Abdallah, ajoutant que son client comptait faire appel.

"L'officier a dit que M. Sherwani avait proféré des menaces contre lui et sa famille", a poursuivi l'avocat, fustigeant un nouveau procès "politique" visant à le "maintenir en prison".

Le Kurdistan irakien se présente comme une oasis de stabilité, mais militants et opposants dénoncent régulièrement corruption, arrestations arbitraires et atteintes à la liberté de la presse et de manifester.

M. Sherwani avait été arrêté à l'automne 2020 et condamné l'année suivante pour "espionnage" et "incitation à manifester et à déstabiliser la région".

Une réduction de peine devait permettre sa libération en 2023. Mais la même année, il écope d'une nouvelle peine de quatre ans de prison pour "falsification" de signature, en lien avec une pétition rédigée avec des co-détenus, peine ensuite réduite à deux ans.

Son avocat a affirmé avoir vu mardi "des hommes en civil" frapper à coups de "crosse du pistolet" des proches de son client, des militants et des députés, provoquant "contusions et blessures légères."

Un député de l'opposition, Badal Barwari, a expliqué dans une vidéo en ligne qu'un grand nombre de soutiens de M. Sherwani avaient tenté d'entrer dans la petite salle d'audience. Les forces de l'ordre leur ont demandé de sortir, mais lorsque certains ont voulu filmer avec leurs téléphones, des échauffourées ont éclaté et la police a expulsé la majorité de l'assistance.

Kamaran Osman, de l'ONG Community Peacemaker Teams -Iraqi Kurdistan, a confirmé un important dispositif sécuritaire au procès. "Quand des gens ont commencé à scander +liberté pour Sherwan Sherwani+ les forces de l'ordre ont commencé à les frapper."

Mi-août, Shaswar Abdulwahid, fondateur du principal parti d'opposition kurde "Nouvelle Génération", avait lui aussi été arrêté et placé en détention dans le cadre d'une autre affaire.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.