Jeudi 21 août 2025 à 14h41
Souleimaniyeh (Irak), 21 août 2025 (AFP) —
La justice du Kurdistan autonome d'Irak a prolongé jeudi la détention du chef du principal parti d'opposition kurde, Nouvelle Génération, plus d'une semaine après son arrestation dans le cadre d'une nouvelle affaire judiciaire.
Shaswar Abdulwahid a été arrêté le 12 août à son domicile de Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan autonome (nord).
Une source judiciaire avait expliqué à l'AFP que cette arrestation faisait suite à une condamnation par contumace à six mois de prison pour ne pas s'être présenté aux audiences d'un procès, après une plainte pour "diffamation" déposée par une ex-parlementaire.
Jeudi, l'opposant a comparu lors d'une audience réunissant des dizaines de ses partisans, a indiqué à l'AFP un député de son parti, Omed Mohammed, présent sur place.
"Le procès a été ajourné au 28 août", a-t-il précisé. Selon lui, l'avocat de M. Abdulwahid a demandé sa libération sous caution, mais le juge a refusé.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole du tribunal de Souleimaniyeh, le juge Salah Hassan, a justifié ce maintien en détention en rappelant que M. Abdulwahid "a été absent des audiences et de l'enquête à plusieurs reprises", sans tenir compte des convocations.
"Tout cela ne donne pas au juge les assurances nécessaires pour une libération sous caution (...) qui pourrait perturber le déroulement des audiences futures", a-t-il dit.
Depuis son entrée en politique, l'homme d'affaires, arrêté à plusieurs reprises et blessé lors d'une tentative d'assassinat, se montre virulent contre les deux partis historiques du Kurdistan, dénonçant corruption, pauvreté et chômage dans la région.
Souleimaniyeh est dominée par l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du clan familial Talabani, tandis que le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de la famille Barzani contrôle la capitale régionale Erbil.
Aux dernières législatives, Nouvelle Génération a presque doublé son nombre de députés, devenant la troisième force du Parlement régional avec 15 sièges.
Le Kurdistan irakien se présente comme une oasis de stabilité, mais militants et opposants dénoncent régulièrement corruption, arrestations arbitraires et atteintes à la liberté de la presse ou de manifester.
Mardi, alors qu'il devait être libéré après cinq années de détention, le journaliste opposant Sherwan Sherwani a été condamné à plus de quatre ans de prison pour avoir, selon la justice, menacé un officier du personnel pénitentiaire.
La mission de l'ONU en Irak s'est inquiétée jeudi d'une peine qui "pourrait être disproportionnée", estimant que le tribunal "n'avait pas fourni d'argumentaire convaincant quant aux circonstances aggravantes" justifiant ce verdict.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.