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Kurdes tués à Paris fin 2022: un témoin présumé obtient finalement l'asile


Jeudi 6 novembre 2025 à 12h24

Paris, 6 nov 2025 (AFP) — Un ressortissant turc, témoin présumé lors de l'assassinat en 2022 de trois Kurdes à Paris, a obtenu en appel le statut de réfugié que lui avait contesté l'Ofpra, ce qui avait conduit à demander son expulsion de France, selon une décision consultée par l'AFP .

"Face à la décision indigne et éminemment politique du directeur général de l'Ofpra, la CNDA (Cour nationale du droit d'asile) a, elle, fait du droit", a réagi jeudi auprès de l'AFP Me David Andic, avocat de Ercan Ekin.

Au printemps 2025, l'Office de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) avait refusé la demande d'asile de M. Ekin, en France depuis quatre ans et demi, estimant "peu crédibles ses assertions" quant à sa présence rue d'Enghien le jour des meurtres.

M. Ekin avait par la suite reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

"L'instruction, notamment les déclarations particulièrement précises, personnalisées et étayées de M. Ekin lors de l'audience, corroborées par les pièces versées à l'appui de sa demande de réexamen, permet de regarder comme établie sa présence lors de l'attaque", écrit la CNDA dans sa décision consultée jeudi par l'AFP.

William Malet, cheminot à la retraite de 72 ans, a reconnu avoir ouvert le feu devant un centre culturel du Conseil démocratique kurde (CDK-F), le 23 décembre 2022 à Paris. L'été dernier, il a été renvoyé aux assises pour avoir tué trois personnes, dont la combattante du PKK Emine Kara, et avoir fait trois blessés.

Partie civile dans l'information judiciaire, Ercan Ekin, bénévole au CDK-F, a raconté au juge d'instruction en décembre 2024 qu'il faisait la vaisselle derrière le comptoir le jour des faits quand il a entendu des coups de feu, selon des documents consultés par l'AFP. Il dit avoir vu le tireur monter les marches du centre et les trois victimes mortellement blessées.

Il affirme avoir connu ensuite "un état de stress post-traumatique de forte intensité" et "un épisode dépressif", d'après un rapport d'examen psychiatrique daté de mars 2025.

A la suite de la tuerie, interrogé par la presse kurde, M. Ekin avait émis l'hypothèse d'une complicité du gouvernement turc, l'exposant à "la prison et des traitements inhumains et dégradants" s'il retournait en Turquie, d'après son avocat.

"Il résulte (...) que M. Ekin craint avec raison (...) d'être persécuté en cas de retour dans son pays en raison de ses opinions politiques. Dès lors, il est fondé à se prévaloir de la qualité de réfugié", juge la CNDA.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.