
Jeudi 30 octobre 2025 à 20h04
Paris, 30 oct 2025 (AFP) — Un ressortissant turc, témoin présumé lors de l'assassinat en 2022 de trois Kurdes à Paris, a contesté jeudi devant une juridiction spécialisée le rejet de sa demande d'asile, qui l'a placé sous le coup d'une mesure d'expulsion du territoire français.
Ercan Ekin, lui-même kurde, dit avoir assisté à la tuerie de la rue d'Enghien, une déclaration "corroborée par la balistique et par absolument tous les éléments de l'enquête", a indiqué à l'AFP son avocat David Andic.
William Malet, cheminot à la retraite de 72 ans, a reconnu avoir ouvert le feu devant un centre culturel du Conseil démocratique kurde (CDK-F), le 23 décembre 2022. L'été dernier, il a été renvoyé aux assises pour avoir tué trois personnes, dont la combattante du PKK Emine Kara, et avoir fait trois blessés.
Partie civile dans l'information judiciaire, Ercan Ekin, bénévole au CDK-F, a raconté au juge d'instruction en décembre 2024 qu'il faisait la vaisselle derrière le comptoir le jour des faits quand il a entendu des coups de feu, selon des documents consultés par l'AFP. Il dit avoir vu le tireur monter les marches du centre et les trois victimes mortellement blessées.
Il était resté caché 20 à 25 minutes, selon son récit, et avait développé par la suite "un état de stress post-traumatique de forte intensité" et "un épisode dépressif", d'après un rapport d'examen psychiatrique daté de mars 2025.
L'Office de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) a, au printemps 2025, refusé la demande d'asile de M. Ekin en jugeant "peu crédibles ses assertions" quant à sa présence rue d'Enghien le jour du drame, d'après la décision consultée par l'AFP.
M. Ekin a par la suite reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
En France depuis quatre ans et demi, M. Ekin a fait appel de la décision de l'Ofpra jeudi devant la Cour nationale du droit d'asile, lors d'une audience à huis clos.
Le CNDA communiquera son délibéré le 6 novembre, a indiqué Me Andic.
A la suite de la fusillade, interrogé par la presse kurde, M. Ekin avait émis l'hypothèse d'une complicité du gouvernement turc dans la tuerie, l'exposant à "la prison et des traitements inhumains et dégradants" s'il retournait en Turquie, d'après l'avocat.
M. Malet a été renvoyé aux assises pour assassinats et tentatives d'assassinats en raison de la race, mais les juges d'instruction ont écarté la qualification terroriste, au grand dam des parties civiles.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.