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Kirkouk: les Kurdes prêts à une solution politique autre que le référendum


Vendredi 28 mars 2008 à 16h39

ERBIL (Irak), 28 mars 2008 (AFP) — La région autonome du Kurdistan irakien serait prête à accepter une solution politique équitable, autre que le référendum, sur la question controversée de la région pétrolière de Kirkouk, revendiquée par les Kurdes, a-t-on appris vendredi de source officielle.

"S'il existe une autre solution politique (que le référendum), le gouvernement est prêt à y participer, cela peut être une option", a déclaré à l'AFP le responsable des relations extérieures du gouvernement kurde, Falah Moustapha Bakir.

"Le gouvernement du Kurdistan serait prêt à prendre part à un accord politique qui puisse satisfaire toutes les parties", a indiqué M. Bakir.

A 255 km au nord de Bagdad, la ville de Kirkouk avait été placée par Saddam Hussein hors de la région kurde indépendante de facto depuis 1991. Les Kurdes, avançant des raisons à la fois historique et culturelle, exigent désormais le rattachement de la ville et de sa région au Kurdistan irakien.

Sa population est aujourd'hui mixte, composée de Kurdes, en nombre croissant, de Turcomans, de chrétiens et d'Arabes, souvent arrivés à l'occasion de la politique d'arabisation forcée pratiquée par Saddam.

Depuis 2003, les Kurdes ont investi massivement les institutions politiques de la ville et encouragé l'arrivée des leurs afin de peser sur l'équilibre démographique.

La constitution irakienne, dans son article 140, prévoyait l'organisation avant décembre 2007 d'un référendum local sur un éventuel rattachement au Kurdistan, consultation ardemment souhaitée par les Kurdes mais à laquelle Bagdad et les communautés arabes et turcomane étaient très hostiles.

Le référendum n'a finalement pas eu lieu et a été repoussé de six mois, après l'intervention de l'ONU.

"De droit, Kirkouk nous appartient, nous n'avons donc pas besoin d'employer la force", a estimé M. Bakir, jugeant que "Kirkouk est le symbole de l'oppression des Kurdes par le passé".

"Si Kirkouk est important pour les autres, c'est en raison du pétrole. Mais pour les Kurdes, c'est d'abord une question de justice", a-t-ilpoursuivi.

"Kirkouk est profondément ancré dans le coeur des Kurdes, personne au Kurdistan n'est prêt à faire des concessions" sur ce sujet, selon ce responsable.

"Nous voulons donc récupérer Kirkouk, mais par des moyens pacifiques et au terme d'un processus légal", a-t-il assuré, disant que les autorités kurdes "ont été jusqu'à présent très patientes et très flexibles".

Mais "si la situation reste comme maintenant, sans solution, oui", il y aura des violences, a clairement mis en garde M. Bakir.

Les Kurdes notamment faisaient jusqu'à présent de la tenue d'une consultation une condition claire de leur soutien aux gouvernements dominés par les chiites, en place depuis la promulgation de la constitution en 2005.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.